<256>La cour de Vienne répliqua encore à ces deux articles; et après avoir fait quelques tentatives pour le comté de Glatz, elle abandonna ses prétentions, en déclarant qu'elle rendrait la place et l'artillerie dans l'état où tout se trouvait actuellement. Elle se relâcha également sur le traité provisionnel des successions de la Franconie; et quoique le traité de commerce restât encore à régler entre la Prusse et l'Autriche, le Roi ne voulut point se roidir sur cet article, et, cédant également pour le bien de la paix, il fut stipulé qu'à cet égard chacun en userait chez soi comme il le jugerait à propos.
La négociation avec les Saxons marchait de front avec celle des Autrichiens; elle ne rencontra pas de grandes difficultés, parce que le roi de Pologne se trouvait trop heureux de ce que le Roi voulait bien lui rendre son électorat. Les Saxons demandèrent, à la vérité, qu'on s'employât à procurer des établissements aux enfants du roi de Pologne, et principalement au prince Charles, que l'impératrice de Russie venait de déposer de son duché de Courlande.a On saura que ce prince s'était marié secrètement avec une comtesse Krasinska, d'une grande famille de Pologne. Le Roi proposa par plaisanterie qu'on lui procurât la survivance de la grande maîtrise de l'ordre Teutonique, alors possédée par le prince Charles de Lorraine, dignité qui ne saurait être transmise à des personnes mariées. Ce qu'il y eut réellement de plaisant, fut que les plénipotentiaires saxons ne remarquèrent pas ce persiflage, et ce ne fut que quatre jours après, en relisant encore une fois ce traité, qu'ils s'aperçurent de leur bévue et du ridicule qu'on leur avait donné. Tout étant réglé, les préliminaires furent signés le 15 de février, et l'échange des ratifications se fit le 1er de mars.
Ainsi finit cette guerre cruelle, qui pensa bouleverser l'Europe, sans qu'aucune puissance, à l'exception de la Grande-Bretagne, éten-
a Voyez t. IV, p. 257.