<257>dît le moins du monde les limites de sa domination. La paix entre la France et l'Angleterre ne fut signée que quelques jours plus tôta que celle de Hubertsbourg. La France, par ce traité, fut dépouillée de ses principales possessions en Amérique. Les Anglais lui rendirent la Martinique, la Guadeloupe, le fort de Belle-Isle, et Pondichéry; et la France restitua l'île de Minorque aux Anglais.

Nous ne saurions nous empêcher d'ajouter quelques réflexions sur tant de faits que nous venons de narrer. Ne paraît-il pas étonnant que ce qu'il y a de plus raffiné dans la prudence humaine jointe à la force, soit si souvent la dupe d'événements inattendus ou des coups de la fortune? et ne paraît-il pas qu'il y a un certain je ne sais quoi qui se joue avec mépris des projets des hommes? N'est-il pas clair qu'au commencement de ces troubles, tout homme sensé devait se tromper dans le jugement qu'il portait sur le dénoûment de cette guerre? Qui pouvait prévoir ou se figurer que la Prusse, attaquée par les forces de l'Autriche, de la Russie, de la France, de la Suède, et de tout le Saint-Empire romain, résisterait à cette ligue formidable, et sortirait d'une guerre où tout annonçait sa perte, sans être démembrée d'aucune de ses possessions? Qui pouvait se douter que la France, avec ses forces intrinsèques, avec ses grandes alliances, avec tant de ressources, perdrait ses principales possessions des Indes orientales, et deviendrait la victime de cette guerre? Tous ces faits devaient paraître incroyables en l'année 1757.

Cependant, si nous examinons après coup les causes qui ont tourné les événements d'une manière si inattendue, nous trouverons que les raisons suivantes empêchèrent la perte des Prussiens : le défaut d'accord et le manque d'harmonie entre les puissances de la grande alliance; leurs intérêts différents, qui les empêchaient de convenir de certaines opérations; le peu d'union entre les généraux


a La paix définitive fut signée à Paris le 10 février 1763. Voyez ci-dessus, p. 239.