<260>vingt mille hommes. Ses armées avaient combattu en seize batailles rangées; les ennemis lui avaient détruit, outre cela, trois corps d'armée presque en entier : premièrement, le convoi d'Olmütz; en second lieu, l'affaire de Maxen; et en troisième lieu, celle de M. de Fouqué à Landeshut. Outre cela, une garnison de Breslau, deux garnisons de Schweidnitz, une de Torgau, et une de Wittenberg furent perdues par la prise de ces villes. On comptait d'ailleurs qu'il était péri vingt mille âmes dans le royaume de Prusse par la cruauté et les ravages des Russes, six mille en Poméranie, quatre mille dans la Nouvelle-Marche, et trois mille dans l'électorat de Brandebourg.
Les troupes russes s'étaient trouvées à quatre grandes batailles; et ils comptaient que cette guerre leur avait emporté cent vingt mille hommes, y compris les recrues qui périrent, étant transportées en partie des frontières de la Perse et de la Chine pour joindre leurs corps en Allemagne. Les Autrichiens avaient livré dix batailles rangées; ils avaient perdu deux garnisons à Schweidnitz et une à Breslau, et ils évaluaient leur perte à cent quarante mille hommes. Les Français faisaient monter la leur à deux cent mille combattants, les Anglais avec leurs alliés, à cent soixante mille, les Suédois, à vingt-cinq mille, et les cercles, à vingt-huit mille.
La maison d'Autriche se trouvait, au sortir de cette guerre, avec cent millions d'écus de dettes; les frontières de la Bohême et de la Moravie avaient été écornées, sans cependant qu'il se fût conservé des traces de ruine ou de dévastations. En France, le gouvernement se trouvait sans crédit par le brigandage des financiers et les malversations de ceux qui étaient préposés à l'administration des dépenses; on en était venu à suspendre le dividende des capitaux empruntés; le peu d'intérêts qu'on acquittait, se payaient irrégulièrement; le peuple gémissait sous le poids des impôts qui l'accablaient; et quoique aucune incursion d'ennemis n'eût ravagé les provinces, l'État n'en souf-