<262> n'étaient pas cultivés, faute de semences et de bestiaux; et tout ce qui sert à l'alimentation d'un peuple, y manquait également.
Pour subvenir à tant de maux, il fut distribué dans ces provinces, selon une juste répartition, vingt-cinq mille mesures1 de blé et de farine, et dix-sept mille d'avoine; trente-cinq mille chevaux tant des régiments que de l'artillerie; et des vivres furent donnés aux gentilshommes et aux paysans. Outre ces secours, le Roi donna à la Silésie trois millions pour son rétablissement, un million quatre cent mille écus à la Poméranie et à la Nouvelle-Marche, sept cent mille à l'Électorat, et cent mille au duché de Clèves, outre huit cent mille que reçut le royaume de Prusse; l'on réduisit à la moitié les contributions du duché de Crossen, du Hohnstein et du Halberstadt : enfin le peuple reprit assez de courage pour ne pas désespérer de sa situation, pour travailler, et pour réparer par son activité et son industrie les maux que l'État avait soufferts.
Il résulte de ce tableau général que nous venons de crayonner, qu'en Autriche, en France, et même en Angleterre, les gouvernements, accablés de dettes, étaient presque sans crédit, mais que les peuples, n'ayant pas directement souffert par la guerre, ne s'en étaient ressentis que par les impôts prodigieux que leurs souverains leur avaient imposés; au lieu qu'en Prusse, le gouvernement se trouvait en fonds et ne manquait point de crédit, et que les provinces étaient détériorées et abîmées par la rapacité et la barbarie des ennemis. Après la Poméranie, l'électorat de Saxe était des provinces de l'Allemagne celle qui avait le plus souffert; mais elle trouve dans la bonté de son sol et dans l'industrie de ses habitants des ressources qu'à l'exception de la Silésie, la Prusse ne trouve point dans le reste de ses provinces. Le temps, qui guérit et qui efface tous les maux, rendra dans peu sans doute aux États prussiens leur abondance, leur prospé-
1 Winspels.