<28> fallait couvrir la droite, le Roi fit marcher l'armée à Glogau. Dix bataillons et trente escadrons y passèrent la rivière, et se postèrent sur une hauteur, pour couvrir la place; le gros des troupes se campa proche des ouvrages. M. de Soltykoff prit une position à Kuttlau; il y eut tous les jours des escarmouches entre les hussards et les Cosaques, où les Prussiens eurent l'avantage. Toutefois, comme la rapidité de la marche du Roi avait fait manquer le coup que les Russes avaient prémédité, ils quittèrent les environs de Glogau, et prirent le chemin de Guhrau, qui mène à Freystadt. On canonna une de leurs colonnes, qui passa près du retranchement prussien; on harcela même leur arrière-garde, tandis que le gros de l'armée du Roi décampait et prenait le chemin de Koben. Comme on manquait de pontons pour passer l'Oder, on y suppléa par des chevalets, et l'armée du Roi, s'étant rendue à l'autre bord de ce fleuve, prit une position derrière la Bartsch, rivière à bords marécageux, par laquelle elle couvrait toute la Basse-Silésie. M. de Diericke,a qui avait la gauche, occupait une digue de l'Oder et ce moulin que M. de Schulenbourg rendit autrefois célèbre par la retraite qu'il fit devant Charles XII. Le gros des troupes s'étendait dans les bois de Sophienthal; sur la droite, un détachement tenait un poste sur la Bartsch, d'où il était à portée de prévenir les ennemis, au cas qu'ils marchassent sur Herrnstadt. Cette position était très-bonne et très-sûre, quoique fort étendue; deux digues, passages uniques sur la Bartsch, étaient occupées et bien retranchées par les Prussiens. Les Russes, outrés de ce que tous leurs desseins étaient dérangés, agirent en barbares; ils brûlèrent la ville de Guhrau et les villages des environs, et, ayant saccagé tout ce pays, marchèrent à Herrnstadt, où ils furent encore prévenus. Pour s'en venger, selon leur brutalité naturelle, ils réduisirent la ville en cendres à force d'y jeter des grenades royales; néanmoins, comme ils étaient extrêmement resserrés dans le terrain qu'ils occupaient,


a Chrétien-Frédéric de Diericke devint général-major le 31 août 1758.