<29> où l'eau manquait même, ils furent contraints d'abandonner la Silésie. Le Roi fut alors atteint d'un fort accès de goutte, et comme les opérations contre les Russes étaient finies, il se fit transporter à Glogau.a
Quoique l'on fût débarrassé des Russes pour cette année, il restait encore à craindre que M. Loudon, à son retour, ne formât quelque entreprise contre la Silésie. Pour que quelqu'un veillât à ses démarches, le Roi donna des ordres à M. de Fouqué, qui en conséquence abandonna son poste de Landeshut, et côtoya les Autrichiens depuis Trachenberg jusqu'à Ratibor; ce qui obligea M. Loudon de passer par Cracovie, et de là par la principauté de Teschen, pour regagner Olmütz.
L'armée du Roi, n'étant plus nécessaire en Silésie, prit sous les ordres de M. de Hülsen la route de la Saxe. Pour renouer le fil de tant de divers événements, nous reprendrons à présent la suite des opérations du prince Henri en Lusace. Nous avons laissé S. A. R. à Görlitz. Le maréchal Daun s'était approché de son camp dans l'intention de l'attaquer, mais le Prince partit la nuit; il passa par Rothenbourg, et donna le lendemain sur le corps de M. Vehla, posté à Hoyerswerda. Ce général, qui se croyait à l'abri de toute attaque, fut soudain enveloppé par la cavalerie prussienne; elle enfonça son infanterie, et le fit prisonnier avec quinze cents Croates en quoi consistait la principale force de son détachement. Il avait reçu, la veille de son malheur, une lettre du maréchal Daun, qui lui marquait d'être sans inquiétude et assuré que le maréchal lui tiendrait bon compte du prince Henri. Après cette expédition, S. A. R. dirigea sa marche sur Elsterwerda. Le bien des affaires aurait demandé que les Prussiens se joignissent immédiatement à Meissen; mais le pont de l'Elbe était détruit, et l'on manquait de moyens pour le rétablir si vite, ce
a Le 27 octobre, le Roi se fit porter à la petite ville de Köben-sur-l'Oder par des soldats du régiment d'infanterie de Neuwied, no 41 de la Stammliste de 1806. Dans ses lettres aussi, Frédéric nomme plutôt le lieu voisin, mais plus connu, que celui où il se trouva réellement ce jour-là.