<35>Quelque dure que fût la saison, les deux armées continuaient à camper; on s'était baraqué, on s'était accommodé le mieux qu'on avait pu, pour résister aux injures du temps, tant l'inflexibilité et l'opiniâtreté, pour ne point céder un pas, étaient grandes des deux parts. Les Prussiens avaient un poste à Zscheila, comme nous l'avons dit. Ce détachement avait été jusqu'alors en sûreté par un pont de communication qu'il avait sur l'Elbe; une gelée subite qui survint, obligea de le lever, et la rivière charriait des glaces sans être encore prise. M. de Beck saisit ce moment pour l'attaquer avec un corps nombreux. M. de Diericke fit repasser à Meissen sa cavalerie et la moitié de son infanterie; il n'eut pas le temps de sauver le reste. M. de Beck tomba sur lui avec toutes ses forces, et après un combat sanglant, ce brave général et trois bataillons furent faits prisonniers par les Autrichiens. Ce fut là la dernière infortune que les Prussiens essuyèrent cette année.
Tant de contre-temps et de revers n'empêchèrent pas le Roi de faire de nouveaux projets pour expulser les Autrichiens de la Saxe. Il demanda au prince Ferdinand de Brunswic quelques secours, et le Prince héréditaire arriva sur la fin de décembre à Freyberg avec un corps de douze mille hommes. Le Roi laissa ces troupes derrière la Mulde pour défendre ses derrières, et il marcha droit à Dippoldiswalda avec les Prussiens. Il délogea tous les détachements de l'ennemi des bords de la Wilde Weisseritz, de Pretzschendorf et de Frauenstein, où il fit cantonner ses troupes. Sur ce mouvement, le maréchal Daun envoya des secours à Dippoldiswalda, où M. de Maguire fit des retranchements et des batteries. Si l'on veut attaquer ce poste de front, on ne peut y arriver que par un chemin étroit, creusé dans le roc, qui était enfilé par deux batteries de l'ennemi. Cela est impraticable; aussi n'y pensa-t-on point. Restent deux chemins pour tourner ce poste : l'un va par Rabenau à Possendorf; c'est sans contre-