<38> sortis des hôpitaux de Stettin; il y ajouta les volontaires de Hordt, les dragons de Meinike, et les hussards de Belling. Ce corps formidable changea d'abord la face des affaires dans cette contrée. M. de Manteuffel détacha aussitôt quelques centaines d'hommes à dos de l'ennemi, qui prirent la garnison et la caisse militaire que les Suédois avaient à Demmin. L'armée suédoise se retira tout aussitôt; elle repassa la Peene à Anclam, et établit ses quartiers dans la Poméranie suédoise, où M. de Manteuffel lui donna différentes alarmes par les hussards de Belling, qui jouèrent le grand rôle sur ce petit théâtre. Les Suédois, fatigués des fréquentes alertes que les Prussiens leur avaient données, tentèrent de surprendre la ville d'Anclam; ils attaquèrent de nuit le faubourg; un bataillon franc qui devait le défendre, fut mis en désordre. M. de Manteuffel, qui était dans la ville, accourut; l'obscurité était si grande, que, voulant aller au bataillon franc, il donna dans une troupe de Suédois, qui le firent prisonnier;a mais la garnison prussienne, non contente de repousser les Suédois, fit sur eux cent cinquante prisonniers. Ce fut là le dernier événement de cette année en Poméranie.

Ainsi, après une campagne aussi fatale aux armes du Roi, ce prince se trouvait encore en possession de tout le terrain qu'il avait occupé l'hiver précédent, à l'exception de Dresde et du fort de Peenemünde. M. de Fouqué, qui avait convoyé M. Loudon en Moravie, était retourné à Landeshut. L'armée prussienne de Saxe s'étendait depuis Wilsdruf jusqu'à Zwickau. Un corps de cavalerie se tenait à Cossdorf, pour couvrir Torgau et l'électorat de Brandebourg, et après une si longue suite de revers, les choses étaient encore dans un état plus supportable qu'on ne devait s'y attendre. Le régiment des carabiniers à Zeitz perdit à la vérité cent cinquante hommes par une surprise; mais l'hiver donna le temps de réparer cette perte; et


a Le 28 janvier 1760.