<45> d'un congrès particulier, pourvu que la France acceptât pour article fondamental des préliminaires l'entière conservation de Sa Majesté Prussienne. La France répondit qu'elle ne demandait pas mieux que de traiter de ses différends avec l'Angleterre, mais que n'ayant point été en guerre avec la Prusse, elle ne pouvait pas confondre les intérêts de ce prince avec ceux de Sa Majesté Britannique. Cette réponse fit encore perdre le peu d'espérance que l'on avait fondée sur cette négociation.
M. d'Edelsheim, qui avait laissé quelques malles à Paris, retourna de Londres, par la Hollande, en France. Il ne se déguisa point; bien loin de se cacher, il alla chez le bailli de Froulay d'abord après qu'il fut arrivé à Paris. Cet ambassadeur, préoccupé de la sincérité des intentions du roi de France pour le rétablissement de la paix, persuada M. d'Edelsheim de différer son départ de quelques jours pour donner à sa négociation interrompue le temps de se renouer. Qui fut surpris le lendemain, ce fut M. d'Edelsheim, de se voir arrêté par une lettre de cachet, et conduit à la Bastille. Le duc de Choiseul s'y rendit le même jour; il assura le prisonnier qu'il n'avait trouvé que cet expédient pour s'entretenir à son aise avec lui sans donner de l'ombrage au ministre d'Autriche, qui observait tous ses pas; il ajouta que ce lieu étant propre pour une négociation secrète, il l'y retiendrait volontiers pour conférer plus souvent avec lui, et qu'il lui fournirait les moyens de faire parvenir au Roi ses dépêches avec sûreté et promptitude. Il se répandit ensuite en plaintes contre les Autrichiens, qui éclairaient de près toutes ses démarches : « Car, ajouta-t-il, voilà M. de Starhemberg au fait de toutes les personnes qui ont été employées dans cette négociation par le roi de Prusse; il vient de recevoir un courrier de Vienne, où on l'instruit de tout ce qui se passe ici. » Cette scène indécente n'avait pour but que de se saisir des papiers de M. d'Edelsheim, où M. de Choiseul supposait trouver des instructions