<47>Pendant qu'on frappait ainsi à toutes les portes, le Danemark témoigna quelque disposition pour seconder le Roi. Le roi de Danemark craignait l'accroissement de puissance de la Russie, et encore plus son voisinage. On savait qu'elle se préparait à faire cette année le siége de Colberg, et, cette ville prise, elle dominait sur toute la Baltique. Si les desseins présents de la Russie étaient opposés aux intérêts du Danemark, les suites pour l'avenir offraient un danger plus grand encore, à cause des prétentions du grand-duc de Russie sur le Schleswig, que ce prince, devenu empereur, pouvait faire valoir, à quoi ce voisinage lui donnait la plus grande facilité; au lieu que, lorsqu'une puissance comme la Prusse se trouve établie entre la Russie et le Danemark, le projet d'une guerre dans le Holstein devient presque impossible dans l'exécution pour un empereur russe, quelque puissant qu'il soit. Ces considérations solides portèrent le ministère de Copenhague à faire quelques ouvertures à l'envoyé du Roi à cette cour. Il commença par offrir des secours pour la défense de la Poméranie; il s'en repentit bientôt par timidité et par incertitude; ensuite, effrayé du pas qu'il avait fait, il ne pensa qu'à s'en tirer de bonne manière, et pour rompre cette négociation sans que le roi de Prusse pût y trouver à redire, le ministère danois mit ses secours à un si haut prix, qu'il était moralement sûr qu'on ne les accepterait pas.
Tant de différents essais de négociations, dont aucun n'avait réussi, persuadèrent le Roi de plus en plus que, dans les conjonctures présentes, il ne fallait s'attendre à rien des cours de l'Europe. La violence des passions exerçait sa puissance sur les esprits, et les agitations qu'elles causaient, étaient encore trop impétueuses pour qu'on pût les calmer. Il ne restait donc au Roi que deux alliés, la valeur et la persévérance, par le secours desquels il pût sortir honorablement de cette funeste guerre.