<54> vaillamment les postes qui lui restaient. Après avoir perdu beaucoup de monde, il aperçut une colonne de la cavalerie autrichienne qui était en pleine marche pour lui couper la retraite. Sur cela, il abandonna ses montagnes, et forma de son infanterie un carré, avec lequel il se mit en marche pour gagner le chemin de Bolkenhayn. Ses troupes avaient consumé la plupart de leur poudre. La cavalerie autrichienne l'attaqua; il la repoussa différentes fois; après une noble et généreuse défense, l'ennemi perça dans le carré. M. de Fouqué reçut deux blessures et fut prisa ainsi que la plupart de son monde; il s'était défendu depuis deux heures du matin jusqu'à dix heures avant midi, et loin que ce désastre pût préjudicier à la réputation de ce brave officier, si longuement et si solidement établie, il en relève encore l'éclat, en fournissant un exemple de ce que peuvent la valeur et la fermeté contre le nombre, quelque supérieur qu'il soit. Cette belle action n'en trouve dans l'histoire qui lui puisse être comparée, que celle de Léonidas et des Grecs qui défendirent les Thermopyles, et qui eurent un sort à peu près semblable au sien. Tout ce corps ne fut pas perdu. Les hussards de Gersdorff et les dragons de Platenb se firent jour à la pointe de l'épée à travers les ennemis, et sauvèrent avec eux quinze cents hommes de l'infanterie, qu'ils ramenèrent à Breslau. Pour M. de Zieten, il quitta le Zeiskenberg après ce malheur, et se jeta dans Schweidnitz, pour éviter un sort pareil à celui de M. de Fouqué. Les Autrichiens usèrent en barbares de l'avantage qu'ils venaient de remporter : ils pillèrent la ville de Landeshut par ordre des généraux, qui applaudissaient à leur cruauté et à leurs


a Henri-Auguste baron de La Motte Fouqué, né à la Haye le 4 février 1698 (t. III, p. 161), fut nommé lieutenant-général et chevalier de l'Aigle noir en 1761, puis élevé au grade de général de l'infanterie le 1er mars 1759. En 1763, à son retour de la captivité qu'il avait subie en Autriche, il se retira du service par suite de ses infirmités. Jusqu'à sa mort, arrivée le 3 mai 1774, il fut l'objet des distinctions les plus flatteuses de la part du Moi, qui l'honorait d'une amitié toute particulière.

b No 8 de la Stammliste de 1806.