<62> La nuit du 22,a il envoya seize bataillons pour faire une sortie sur les Prussiens dans le faubourg de Pirna. Le Roi s'y était préparé; il avait disposé les troupes de manière à pouvoir bien recevoir l'ennemi. La sortie se fit; les Autrichiens furent repoussés, et perdirent trois cents hommes avec le général Nugent qui les commandait. Un bataillon de Bernbourgb qui n'avait pas fait son devoir à ce siége, en fut puni par la honte de ne plus oser porter le sabre. Cette correction, sensible à tout soldat qui a de l'honneur, fit une impression avantageuse dans l'armée, et donna à cette troupe l'envie de réparer sa faute, ce dont elle trouva l'occasion à la bataille de Liegnitz, comme nous le dirons en son lieu.
Il semblait que, par un singulier destin de cette campagne, les petits avantages des Prussiens dussent constamment être contre-balancés par des pertes considérables. Ce général Nugent même, qu'on venait de prendre à cette sortie, apprit au Roi que la ville de Glatz était prise par M. de Harsch.c Quelque incroyable que fût cette nouvelle, on en eut bientôt la confirmation de Silésie. La nuit du 21 au 22, M. de Harsch avait ouvert la tranchée devant la place. D'O, qui en était commandant, avait une garnison de cinq bataillons, et toutes les munitions de guerre et de bouche pour soutenir un long siége. L'ennemi avait appuyé sa première parallèle à Schwedeldorf, proche de la Neisse, d'où, en faisant le tour de la ville basse et du château, elle allait appuyer sa gauche devant la maison du baron Pilati. Le général Harsch se préparait à faire deux attaques, l'une sur la ville basse vers la porte de Bohême, et l'autre au château sur le Feldthor. A peine quelques canons furent-ils en batterie, que les assiégeants voulurent déloger les assiégés d'une flèche à laquelle M. de Fouqué avait donné le nom de Grue, à cause de sa forme longue et de sa
a La nuit du 21 au 22 juillet.
b No 3 de la Stammliste de 1806.
c La ville de Glatz ne fut prise que le 26 juillet.