<68> aux Prussiens le passage de la Katzbach; cependant le Roi le suivit, et se campa, la droite à Schimmelwitz et la gauche à Liegnitz. Il comprenait bien qu'avec trente mille hommes, qui faisaient le fond de son armée, il ne lui convenait pas de lutter contre quatre-vingt-dix mille hommes pour le moins, dont les forces de l'ennemi étaient composées. Dans la situation où il se trouvait, il n'imagina pas d'expédient plus convenable que celui d'imiter la conduite d'un partisan qui change et varie sa position toutes les nuits, pour se dérober aux coups qu'une armée pourrait lui porter, s'il manquait d'activité et de vigilance. Cette attention devenait importante et nécessaire par la quantité de choses difficiles qu'il fallait combiner pour réussir : il fallait changer de postes pour la sûreté de l'armée, et en même temps contenir un ennemi plus fort du triple, et ne pas s'éloigner de lui, pour qu'il ne se tournât pas contre le prince Henri, qui avait déjà en tête une armée de quatre-vingt mille Russes. Le seul moyen de remplir tant d'objets était donc de changer souvent de position, sans toutefois en prendre de trop éloignées de l'ennemi. Cela le déroutait : il venait reconnaître le camp qu'on avait pris, il faisait ses dispositions avec lenteur, et lorsqu'il les voulait exécuter, il ne trouvait plus personne devant lui, il était obligé de recommencer ces formalités à diverses reprises. En un mot, cela faisait gagner du temps, et comme la force était insuffisante, il fallait réparer ce défaut par adresse et vigilance. En conséquence de ce projet, l'armée du Roi se mit en marche la nuit du 10 au 11. Son intention était de tourner l'ennemi par Jauer, pour gagner Schweidnitz.
Lorsque les troupes furent aux environs de Hohendorf, on apprit que M. de Lacy venait d'arriver à Prausnitz. On prit quelques prisonniers, qui confirmèrent la même chose. Comme il était impossible de passer la Katzbach vis-à-vis de ce corps et des batteries que l'ennemi avait établies sur ces bords, l'armée fut obligée de remonter ce ruisseau jusqu'à Goldberg. Ce détour donna assez d'avance à M. de Lacy