<81> affaires l'emportèrent sur toutes ces considérations, et l'on abandonna l'événement à la fortune. L'armée se mit en marche la nuit du 11 de septembre, pour tourner les hauteurs de Friedeberg; l'avant-garde gagna la gorge de Kauder. Aussitôt que M. de Loudon aperçut cette tête, il comprit que le dessein était de le tourner; il abandonna sa position, et se retira vers le village de Reichenau. Le maréchal Daun, de son côté, non moins attentif au mouvement des Prussiens, vint se présenter en même temps à l'autre bord du ravin qui coupe Reichenau; il sauva par ce mouvement M. Loudon, qui échappa au danger dont les Prussiens le menaçaient. L'armée arriva à ce camp la nuit tombante; le soldat pouvait à peine tendre ses tentes.
Le projet du Roi était de détacher sur Landeshut, où l'ennemi avait son magasin; on fut obligé d'en différer l'exécution jusqu'au lendemain. M. de Zieten fut chargé d'exécuter cette commission. Le lendemain, dès la pointe du jour, il devait suivre le chemin de Hartha et de Ruhbank; mais un contre-temps imprévu fit manquer l'expédition. M. de Beck avait reçu ordre la veille, lorsque l'armée décampait, de couvrir la droite de M. Loudon. Comme il marchait de Hohenfriedeberg à Reichenau dans l'obscurité, il découvrit le camp du Roi, qu'il prit pour l'autrichien, et il se plaça sur le flanc gauche de ce camp, par où il tournait le dos à l'armée du Roi. La nuit même, le Roi en fut averti. Les Prussiens ne quittèrent point les armes, et avant l'aube du jour on se mit en devoir de l'attaquer. Quelques coups de canon mirent ses troupes en désordre. La cavalerie du Roi les chargea dans ce moment, et elle prit tout un bataillon de pan-dours, fort de huit cents hommes. La cavalerie suivit le corps de Beck, qui se sauva à Hohenfriedeberg, d'où il fut poussé jusqu'à Rohnstock. Il aurait été plus malmené encore, si le prince de Löwenstein ne fût accouru à son secours avec des troupes fraîches, qui recueillirent les fuyards, et lui couvrirent la retraite.
Cette canonnade et le bruit du feu d'infanterie firent croire à