<134> temps. L'Impératrice, voyant que son fils le grand-duc était en âge d'être marié, délibérait sur le choix de l'épouse qu'elle voulait lui donner. Ce devait être une princesse d'Allemagne, dont l'âge et la personne convinssent à son fils. Ce choix n'était pas indifférent pour la cour de Berlin, cette nouvelle liaison pouvant devenir favorable ou contraire à ses intérêts. L'Allemagne était alors stérile en princesses : il n'y en avait que trois ou quatre qui pussent être proposées, parce que les unes étaient trop vieilles, et les autres, trop jeunes. Celles qu'on pouvait mettre en avant, étaient : une sœur de l'électeur de Saxe, une princesse de Würtemberg, trop jeune, et trois princesses, filles du landgrave de Darmstadt. La sœur aînée de ces princesses de Darmstadt était mariée au prince de Prusse;a ainsi il y avait tout à gagner si une de ces princesses devenait grande-duchesse, parce que les nœuds de la parenté, se joignant à ceux de l'alliance, semblaient annoncer que l'union de la Prusse et de la Russie serait par là plus cimentée que jamais. Le Roi mit tout en œuvre pour agencer les choses de la sorte, et il fut assez heureux pour y réussir entièrement. Les princesses de Darmstadt passèrent par Berlin; elles arrivèrent à Pétersbourg; la seconde des filles du landgrave fut celle qui emporta la pomme, et le mariage fut solennellement célébré.b
La conduite de la nouvelle grande-duchesse ne fut pas telle qu'on le devait attendre d'une princesse de sa naissance. Elle était arrivée à Pétersbourg dans un temps d'intrigues et de cabales, et où toute la cour était agitée par les intrigues des ministres étrangers. Les ministres de France et d'Espagne mettaient tout en œuvre pour semer la zizanie entre la Russie, l'Autriche et la Prusse, entre lesquelles ils craignaient qu'une union trop étroite ne se formât. Pour remplir leurs vues, ils crurent devoir former un parti dont ils pussent disposer, et ils s'imaginèrent qu'en mettant la grande-duchesse dans
a Voyez ci-dessus, p. 25.
b Voyez ci-dessus, p. 63.