<185> choses désagréables, la plus dangereuse et la plus fâcheuse pour la Prusse était la malhabileté et le peu de lumières des ministres de la Russie. Le comte Panin n'était pas stylé du tout aux tours insidieux des négociations autrichiennes. Sans cesse il fallait l'avertir des piéges qu'on lui tendait, et si on ne l'eût surveillé attentivement, le prince Kaunitz l'eût ballotté selon son plaisir. D'une part, la faiblesse du ministère de Versailles, et de l'autre, l'ignorance de celui de Pétersbourg, mettaient le Roi dans de grands embarras et augmentaient ses inquiétudes. Cependant, comme la sagacité française l'emportait de beaucoup sur l'ineptie russe, c'était de la première qu'il fallait attendre l'heureux succès de cette négociation.

Le marquis de Breteuil, ambassadeur à la cour impériale, était flatté de devenir le pacificateur de l'Allemagne; il se plaisait à se représenter qu'en suivant les traces de Claude d'Avaux, plénipotentiaire à la paix de Westphalie, ce lui serait un acheminement pour monter aux premières dignités dans sa patrie, et surtout au ministère des affaires étrangères, qu'il ambitionnait avec la plus vive ardeur. Il mit toute son activité en jeu, et travailla avec tant de persévérance, que vers la fin de janvier,a il envoya à Breslau au prince Repnin le plan de pacification générale, tel que le Roi l'avait conçu et qu'il avait été approuvé par l'Impératrice-Reine. Les conditions étaient telles que nous les avons marquées, à l'exception d'un seul article, auquel le Roi avait consenti, à savoir, que Sa Majesté renonçait aux prétentions qu'elle avait sur les duchés de Juliers et de Berg, en faveur du prince de Deux-Ponts; et c'était proprement un renouvellement du traité signé l'année 1741 avec la France, et qui procura à Sa Majesté la garantie de toute la Silésie de la part de Sa Majesté Très-Chrétienne.

L'on communiqua ce projet de paix aux alliés de la Prusse. Les


a 1779.