<186> Saxons en jetèrent les hauts cris; ils faisaient monter leur prétention sur les alleux de la Bavière à la somme de soixante-dix millions de florins, et ils prévoyaient avec douleur que s'ils en obtenaient six millions, ce serait beaucoup. Ils exigeaient, de plus, que l'Empereur renonçât à toutes les prétentions féodales qu'il prétend, comme roi de Bohême, avoir sur la Saxe et sur la Lusace, et surtout ils s'étaient flattés de gagner quelque dédommagement en fonds de terre pour arrondir leur territoire. Le prince de Deux-Ponts, de son côté, s'opiniâtrait à soutenir que la Bavière ne devait être démembrée en aucune manière; il s'offrait à céder une partie du Haut-Palatinat pour conserver le cercle de Burghausen; avec cela, il ne consentait qu'avec une extrême répugnance aux dédommagements que l'électeur de Saxe avait à prétendre.
Pour contenter le désir de ses alliés, le Roi fit une nouvelle tentative, uniquement relative à la Bavière et au cercle de Burghausen, pour essayer s'il pourrait obtenir pour eux quelques conditions plus favorables de la cour de Vienne; mais bien loin d'y acquiescer, le prince Kaunitz, effarouché des nouvelles demandes des Prussiens, et se revêtant de toute la morgue autrichienne, répondit fièrement que le projet de pacification communiqué par l'ambassadeur de France au prince Repnin était l'ultimatum de la cour de Vienne, et que l'Impératrice était résolue à sacrifier jusqu'au dernier homme de son armée, plutôt que d'adhérer à de nouvelles conditions aussi humiliantes et aussi contraires à sa dignité que celles qu'on venait de lui présenter. Quoiqu'il n'y eût rien que de fort naturel à demander la restitution entière d'une province envahie et usurpée, la France et la Russie ne voulaient que la paix : la première, pour se délivrer des sollicitations de l'Empereur, qui lui demandait des secours; la seconde, pour ne point assister les Prussiens de ses troupes. Elles agirent en conséquence, et pressèrent les ministres prussiens de ne point former