<33> des finances le long des frontières; de même le Roi voulut bien consentir à ce que l'Empereur lui demandait, savoir, de communiquer avec franchise à la cour de Vienne toutes les ouvertures que la France pourrait faire à celle de Berlin. Comme cependant tout ceci s'était passé entre le Roi et le prince Kaunitz seul, le Roi trouva qu'il était décent de mettre l'Empereur au fait de ce qui s'était dit et fait, et il sembla que ce monarque, peu accoutumé à de tels égards, tînt compte au Roi de l'attention qu'il avait eue pour lui; car son premier ministre le traitait avec beaucoup de fierté, et plutôt en subalterne qu'en maître.
Le lendemain de cette conférence arriva à Neustadt un courrier de Constantinople avec des lettres du caïmacan, datées du 12 août, par lesquelles le Grand Seigneur invitait les cours de Vienne et de Berlin à se charger de la médiation pour accommoder les différends qui subsistaient encore entre la Porte et la Russie. Il était expressément marqué dans cette dépêche que les Turcs ne voulaient consentir à aucune paix, que par l'entremise des deux cours.
L'Empereur convint qu'il était uniquement redevable de cette médiation aux soins que le roi de Prusse s'était donnés à Constantinople, et il lui en témoigna sa reconnaissance. Ce même jour, le Roi eut un entretien avec le prince Kaunitz; il ne manqua pas de le féliciter de cet heureux événement, qui pouvait le tranquilliser en quelque sorte, et même diminuer la jalousie que les succès des Russes avaient fait naître dans son esprit. Il lui disait que cette démarche de la Porte rendait la cour de Vienne l'arbitre des conditions de paix qu'elle voudrait stipuler entre ces deux puissances. Le ministre reçut ce compliment avec toute la morgue autrichienne, et répondit, avec un ton de hauteur et une indifférence affectée, qu'il approuvait la démarche que les Turcs venaient de faire; aussi jamais médiation ne fut acceptée avec un plus vif empressement.
Pendant qu'on s'occupait à pacifier le Nord, d'autres querelles et