<73> donc les Autrichiens avaient enfreint cette condition, le Roi se crut autorisé d'en faire autant. Il étendit en conséquence ses limites, et enferma la vieille et la nouvelle Netze dans la partie de la Pomérellie qu'il possédait déjà. La cour de Pétersbourg intervint dans cette affaire, et le Roi s'engagea de resserrer les limites de son cordon, à condition que la cour de Vienne en ferait autant.
Les Polonais, informés des altercations qu'il y avait entre les trois cours, crurent que c'était le moment où, par le moyen de leurs intrigues, ils pourraient parvenir à mettre de la division, de l'aigreur et de l'envie entre ces puissances. Dans cette intention, le comte Braniki, grand général de la Pologne, fut envoyé à Pétersbourg, sous prétexte de plaider la cause de la République, mais plus encore pour aigrir l'esprit de l'Impératrice contre la Prusse et l'Autriche, qui faisaient les despotes en Pologne. Cet homme, avant qu'il fût grand général, avait accompagné à Pétersbourg Poniatowski, avant qu'il fût roi. Il avait eu, dans ce temps, occasion de rendre de petits services à Catherine comme à Poniatowski, dont cette princesse conservait le souvenir; et comme il arriva dans sa cour, elle lui témoigna des bontés, mais qui ne s'étendaient pas au delà du personnel. Quoique cet envoyé ne remplît pas le grand but de la République, qui était d'annuler tout ce qui s'était fait, il parvint pourtant à irriter la morgue et la vanité russienne, en représentant à l'Impératrice que son honneur était engagé à ne pas souffrir que les Prussiens et les Autrichiens étalassent leur despotisme en Pologne. D'abord s'expédièrent des lettres déhortatoires au Roi comme à l'Impératrice-Reine, pour leur persuader de ne point abuser des complaisances que l'Impératrice avait eues à l'égard de leurs intérêts. Le Roi répondit avec politesse à cette exhortation, en priant l'impératrice Catherine de se rappeler l'article fondamental du traité de partage, qui portait sur l'égalité des portions, et il ajouta par manière d'acquit que, pourvu que les Autrichiens voulussent prescrire de justes bornes à leurs