<84> les citoyens reprirent une nouvelle vie; le travail encouragé produisit l'activité; l'amour de la patrie reprit une force nouvelle; et dès lors toutes les terres furent recultivées, les manufactures reprirent leur ouvrage, et la police, rétablie, corrigea successivement les vices qui s'étaient enracinés durant l'anarchie.
Pendant cette guerre, les conseillers les plus âgés et tous les ministres du grand directoire étaient morts successivement; et dans ce temps de troubles, il avait été impossible de les remplacer. L'embarras était de trouver des sujets capables de gérer ces différents emplois : on fouilla dans les provinces, où les bons sujets étaient aussi rares que dans la capitale; enfin, M. de Blumenthal, M. de Massow, M. de Hagen et le général de Wedella furent choisis pour remplir ces postes importants; quelque temps après, M. de Horst eut le cinquième département.
Les premiers temps de l'administration furent durs et fâcheux : toutes les recettes avaient des non-valeurs, et néanmoins il fallait acquitter exactement les charges de l'État. Quoique, après la réduction, le pied de paix de l'armée eût été fixé à cent cinquante mille hommes, on était embarrassé à fournir l'argent nécessaire pour les payer. On s'était servi, pendant la guerre, de billets pour payer tout ce qui n'était pas militaire; c'était encore une dette qu'il fallait acquitter, et qui, outre les autres payements nécessaires, incommodait beaucoup. Cependant le Roi parvint, dès la première année après la paix, à contenter tous les créanciers de l'État, et à ne pas devoir un sou des dépenses que lui avait coûté la guerre.b On aurait dit que les dévasta-
a Le lieutenant-général de Wedell (t. IV, p. 187, et t. V, p. 15) devint ministre le 27 janvier 1761; Valentin de Massow, le 29 avril 1763. Joachim-Chrétien comte de Blumenthal, le 3 septembre 1763. Louis-Philippe de Hagen, le 13 juin 1764. Jules-Auguste-Frédéric von der Horst, le 12 juin 1766.
b Voyez (Fr. Nicolai) Freymüthigc Anmerkungen iiber des Herrn Ritters von Zimmermann Fragmente iiber Friedrich den Grossen, t. II, note de la page 117; et Neue Berlinische Monatschrift. Herausgegeben von Biester, t. XII, p. 298 et 299.