<86> grand bien qui en résulta, fut celui de diminuer la contrebande, si préjudiciable aux pays où des manufactures sont établies.
Lorsqu'un pays a peu de productions à exporter, et qu'il est dans la nécessité d'avoir recours à l'industrie de ses voisins, la balance du commerce lui doit être défavorable; il paye plus d'argent à l'étranger qu'il n'en reçoit; et si cela continue, après un certain nombre d'années il doit se trouver dépourvu d'espèces : ôtez tous les jours de l'argent d'une bourse, et n'en remettez point, elle sera bientôt vide. Voilà de quoi la Suède peut servir d'exemple. Pour obvier à cet inconvénient, il n'y a d'autre moyen que celui d'augmenter les manufactures : on gagne tout sur ses propres productions, et on gagne au moins la main-d'œuvre sur les étrangères. Ces assertions aussi vraies que palpables servirent de principes au gouvernement; ce fut d'après elles qu'il dirigea toutes ses opérations de commerce. Il se trouva aussi, dès l'année 1773, une augmentation de deux cent soixante-quatre fabriques nouvelles dans les provinces. Entre autres, on établit une fabrique de porcelaine à Berlin, dont se nourrissent cinq cents personnes, et qui surpassa bientôt celle de Saxe. On établit une fabrication de tabac, dont une compagnie se chargea : elle avait des établissements dans toutes les provinces qui fournissaient à la consommation interne des provinces, et gagnait, par ce qu'elle vendait à l'étranger, ce que lui coûtait l'achat des feuilles de la Virginie. Les revenus de la couronne en furent augmentés, et les actionnaires en retirèrent dix pour cent de leurs capitaux.
La guerre dernière avait rendu le change désavantageux au commerce des Prussiens, quoique, dès que la paix eut été signée, la mauvaise monnaie eût été refondue, et remise sur l'ancien pied : il n'y avait que l'établissement d'une banque qui pût obvier à cet inconvénient. Des personnes remplies de préjugés, pour n'avoir pas assez approfondi cette matière, soutenaient qu'une banque ne pouvait se soutenir que dans un État républicain, mais que jamais personne