<99> dans la stupidité. On commença par le cadastre des terres, pour proportionner les charges : la contribution fut réglée sur le pied qu'elle est établie dans la Prusse royale; les ecclésiastiques payèrent à l'instar des évêques et des abbés de la Silésie; les starosties devinrent les biens de la couronne : elles avaient été des fiefs donnés à vie comme ceux des timariots chez les Turcs; le Roi dédommagea les propriétaires par une somme de cinq cent mille écus qui leur fut payée une fois pour toutes. On introduisit des postes dans ce pays agreste et barbare, surtout des colléges de justice, dont le nom avait été à peine connu dans ces contrées. On réforma quantité de lois aussi bizarres qu'extravagantes; on en appelait en dernier ressort de la sentence de ces colléges au tribunal supérieur de Berlin. Le Roi fit creuser un canal qui coûta sept cent mille écus, pour joindre, de Nakel à Bromberg, la Netze avec la Vistule,a au moyen duquel ce grand fleuve avait une communication directe avec l'Oder, la Havel et l'Elbe. Ce canal avait un double usage : il faisait écouler les eaux croupissantes d'une grande étendue de terre, où l'on pouvait établir des colons étrangers. Tous les bâtiments économiques tombaient en ruine; il en coûta plus de trois cent mille écus pour les rétablir.

Les villes étaient dans l'état le plus pitoyable. Culm avait de bonnes murailles, de grandes églises; mais au lieu de rues, on ne voyait que les caves des maisons qui avaient existé autrefois. Quarante maisons formaient la grande place, dont vingt-huit, sans portes, sans toit ni fenêtres, manquaient de propriétaires. Bromberg était dans le même état. Leur ruine datait de l'année 1709, où la peste avait ravagé cette province; mais les Polonais n'imaginaient pas qu'il fallût réparer les malheurs. On aura peine à croire qu'un tailleur était un homme rare dans ces malheureuses contrées; il fallut en établir dans toutes les villes, de même que des apothicaires, des charrons, des menuisiers et


a Voyez Brenkenhoff's Leben, p. 100 et suivantes.