<121> présent croyent, voyent; s'ils ne flattent pas, ils sont toutefois moins désagréables. Je crois que pour de certains mots nous en pourrions user de même.
Il est encore un vice que je ne dois pas omettre, celui des comparaisons basses et triviales, puisées dans le jargon du peuple. Voici, par exemple, comme s'exprima un poëte qui dédia ses ouvrages à je ne sais quel protecteur : « Schiess, grosser Gönner, schiess deine Strahlen, Arm dick, auf deinen Knecht hernieder.a Répands, grand protecteur, répands tes rayons gros comme le bras sur ton serviteur. » Que dites-vous de ces rayons gros comme le bras? N'aurait-on pas dû dire à ce poëte : Mon ami, apprends à penser avant de te mêler d'écrire? N'imitons donc pas les pauvres qui veulent passer pour riches; convenons de bonne foi de notre indigence; que cela nous encourage plutôt à gagner par nos travaux les trésors de la littérature, dont la possession mettra le comble à la gloire nationale.
Après vous avoir exposé de quelle manière on pourrait former notre langue, je vous prie de me prêter la même attention à l'égard des mesures que l'on pourrait prendre pour étendre la sphère de nos connaissances, rendre les études plus faciles, plus utiles, et former en même temps le goût de la jeunesse. Je propose, en premier lieu, qu'on fasse un choix plus réfléchi des recteurs qui doivent régir les classes, et qu'on leur prescrive une méthode sage et judicieuse qu'ils doivent suivre en enseignant, tant pour la grammaire et pour la dialectique qu'également pour la rhétorique; qu'on fasse de petites distinctions pour les enfants qui s'appliquent, et de légères flétrissures pour ceux qui se négligent. Je crois que le meilleur traité de logique, et en même temps le plus clair, est celui de Wolff. Il faudrait donc obliger tous les recteurs à l'enseigner, d'autant plus que celui de
a Comme ce passage ne se trouve dans aucun ouvrage imprimé, M. de Hertzberg aurait voulu que le Roi y substituât quelques vers de Gottsched analogues à ceux qu'il citait dans son manuscrit, et qu'il a néanmoins conservés.