<125>santes; au lieu que, dans ces pièces anglaises, la scène dure l'espace de quelques années. Où est la vraisemblance? Voilà des crocheteurs et des fossoyeurs qui paraissent, et qui tiennent des propos dignes d'eux; ensuite viennent des princes et des reines. Comment ce mélange bizarre de bassesse et de grandeur, de bouffonnerie et de tragique, peut-il toucher et plaire? On peut pardonner à Shakspeare ces écarts bizarres; car la naissance des arts n'est jamais le point de leur maturité. Mais voilà encore un Götz de Berlichingen qui paraît sur la scène,a imitation détestable de ces mauvaises pièces anglaises; et le parterre applaudit et demande avec enthousiasme la répétition de ces dégoûtantes platitudes. Je sais qu'il ne faut point disputer des goûts; cependant permettez - moi de vous dire que ceux qui trouvent autant de plaisir aux danseurs de corde, aux marionnettes, qu'aux tragédies de Racine, ne veulent que tuer le temps; ils préfèrent ce qui parle à leurs yeux à ce qui parle à leur esprit, et ce qui n'est que spectacle à ce qui touche le cœur. Mais revenons à notre sujet.
Après vous avoir parlé des basses classes, il faut que j'agisse avec la même franchise à l'égard des universités, et que je vous propose les corrections qui paraîtront les plus avantageuses et les plus utiles à ceux qui voudront se donner la peine d'y bien réfléchir. Il ne faut pas croire que la méthode qu'emploient les professeurs pour enseigner les sciences, soit indifférente : s'ils manquent de clarté et de netteté, leurs peines sont perdues. Ils ont leur cours tout préparé d'avance, et ils s'en tiennent là; que ce cours de leur science soit bien ou mal fait, personne ne s'en embarrasse; aussi voit-on le peu d'avantage qu'on retire de ces études : bien peu d'écoliers en sortent avec les connaissances qu'ils en devraient rapporter. Mon idée serait donc de prescrire à chaque professeur la règle qu'il doit suivre en enseignant dans ses colléges. En voici l'ébauche :
a Ce drame de Göthe fut joué à Berlin, pour la première fois, le 13 avril 1774, par les comédiens de la troupe ambulante de Henri-Gustave Koch.