<18> M. de Goltz dressa la capitulation de Breslau;a il fut dépêché au prince Léopold d'Anhalt, avec ordre de donner l'assaut à la ville de Glogau. Il fut même des premiers qui escaladèrent les remparts, et après en avoir donné la nouvelle au Roi, il eut commission de hâter la marche de quatorze escadrons qui devaient joindre l'armée, et qui n'arrivèrent qu'à la fin de la bataille de Mollwitz. M. de Goltz s'en servit à poursuivre les ennemis dans leur fuite.
Ces services lui valurent la seigneurie de Kuttlau, dont le fief était venu à vaquer. Mais M. de Goltz, sensible aux bontés du Roi, préférait l'avantage de lui être utile à celui d'être récompensé. Laborieux comme il était, il ne pouvait pas manquer d'occasions pour satisfaire une aussi noble passion.
C'est surtout à la guerre que l'on reconnaît le prix de l'activité et de la vigilance. C'est là que la faveur se tait devant le mérite, que les talents éclipsent la présomption, et que le bien des affaires exige un choix sûr et judicieux des personnes qui sont les plus employées. Car combien de ressorts ne faut-il pas faire jouer ensemble, pour faire subsister et pour mettre en action ces armées nombreuses que l'on assemble de nos jours! Ce sont des émigrations de peuples qui voyagent en faisant des conquêtes, mais dont les besoins, qui se renouvellent tous les jours, veulent être satisfaits régulièrement. Ce sont des nations entières et ambulantes qu'il est plus difficile de défendre contre la faim que contre leurs ennemis. Le dessein du général se trouve par conséquent enchaîné à la partie des subsistances; et ses plus grands projets se réduisent à des chimères héroïques, s'il n'a pas pourvu avant toutes choses aux moyens d'assurer les vivres. Celui auquel il confie cet emploi, devient en même temps dépositaire de son secret, et tient par là même à tout ce que la guerre a de plus sublime, et l'État, de plus important.
a Voyez t. II, p. 68.