<6>L'Empereur, qui se voyait sur le point d'être attaqué de tous côtés, remua toutes ses machines pour entraîner l'Empire à courir la même fortune : tous les plus habiles négociateurs furent employés de la part du ministère de Vienne pour inviter l'Empire à déclarer la guerre à la France. Les vues de l'Empereur étaient, premièrement, de tirer du secours de l'Empire; en second lieu, de diviser les forces de la France, qui, l'ayant déjà attaqué en Italie, n'aurait pas manqué de l'y accabler. Il est bon de remarquer en passant que si l'Empire ne s'était point mêlé de cette guerre, elle aurait été plus tôt terminée. L'Empereur aurait perdu en Italie ce que les alliés ont conquis; mais on n'aurait pu démembrer la Lorraine de l'Empire sans donner lieu à de nouvelles brouilleries, et sans exciter un nouvel embrasement.
La guerre se fit très-nonchalamment en Allemagne, d'un côté, parce que la politique de la cour de Versailles ne voulait point donner d'ombrage aux puissances maritimes, qui se seraient indubitablement déclarées en faveur de l'Empereur, si elles avaient vu ses affaires à l'extrémité; et, d'un autre côté, par une complication de raisons différentes, dont chaque campagne en fournissait de particulières, et qui mettaient l'Empereur hors d'état d'agir vigoureusement sur le Rhin.
En Italie, les Espagnols s'emparaient du royaume de Naples et de la Sicile, tandis que les Français avec les troupes piémontaises s'emparaient du Milanais et de presque toute la Lombardie; et comme c'était une clause du traité des trois couronnes alliées de partager les dépouilles de l'Empereur en Italie, ces puissances se donnaient tous les mouvements imaginables pour mettre en exécution leurs vastes desseins. Mais j'ose assurer que ce qui contribua le plus aux heureux succès des alliés, ce fut le mauvais état dans lequel se trouvaient toutes les provinces de l'Empereur. La raison de la chute des plus grands empires a toujours été la même : elle s'est toujours trouvée dans la faiblesse de la constitution des États. La décadence de l'empire romain