<7> trouva son période marqué dans le temps qu'il n'y eut plus d'ordre parmi les troupes, que la discipline fut anéantie, et qu'on négligea les précautions que la prudence dicta pour la sûreté des États. La perte que l'Empereur vient de faire en Italie est fondée sur les mêmes principes : point d'armée pour fermer le passage à l'ennemi, point de magasins ni de troupes suffisantes pour garder les forteresses, point de généraux habiles pour défendre les places. Enfin l'Empereur, au bout de trois campagnes, perdit ce qu'il n'avait acquis que par huit années de guerres consécutives.
On s'imaginerait qu'après tant de défaites ce serait à l'Empereur à solliciter la paix; mais qu'on ne s'y trompe point, et qu'on apprenne à mieux connaître l'esprit pacifique et désintéressé du cardinal ministre. Que ceci soit dit à l'honneur de la France et en témoignage de sa modération : ces vainqueurs chargés de lauriers, et apparemment fatigués de leurs victoires, offrent la paix à l'Empereur, leur ennemi vaincu.
Il est à présumer que M. de Villars aura communiqué son système au cardinal, tel qu'on le trouve dans ses Mémoires, et que le cardinal, ayant adopté les idées de ce grand homme, aura pris pour principe d'établir une union parfaite et stable entre l'Empereur et la France, à l'imitation du triumvirat d'Auguste, d'Antoine et de Lépide. On sait que ce triumvirat s'était cimenté par des proscriptions. Aussi la France, par le premier article des préliminaires, se trouve-t-elle en possession du duché de Lorraine, démembré de l'Empire.
L'Empereur, pour faire la paix, dépouille son gendre de ses États héréditaires. Le sacrifice paraît assez grand pour exiger, par une espèce de réaction, une reconnaissance proportionnée; mais, pour continuer la comparaison, il est à présumer que la France, avec le temps, jouera le rôle d'Auguste. La simple considération de cet événement aurait peu d'utilité, si elle n'était accompagnée de quelques réflexions que le sujet même fournit. D'abord on voit, par rapport aux Français,