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AVERTISSEMENT DE L'ÉDITEUR.

La Préface de l'Éditeur, t. I, p. XIX, annonce que les Œuvres philosophiques du Roi, classées par ordre de date, formeront deux volumes, dont l'un contiendra les traités que l'Auteur a composés lorsqu'il n'était encore que prince royal, et l'autre, ceux qu'il a rédigés depuis son avénement.

Ce volume renferme donc les quatre premiers traités de Frédéric, c'est-à-dire, les Considérations sur l'état présent du corps politique de l'Europe; la Dissertation sur l'innocence des erreurs de l'esprit; l'Avant-propos sur la Henriade de M. de Voltaire; et L'Antimachiavel, ou Examen du Prince de Machiavel, et Réfutation du Prince de Machiavel.

I. CONSIDÉRATIONS SUR L'ÉTAT PRÉSENT DU CORPS POLITIQUE DE L'EUROPE.

Frédéric écrivit à Voltaire, le 19 avril 1738, pour lui annoncer l'envoi des Considérations sur l'état présent du corps politique de l'Europe. Il les lui envoya en effet le 17 juin de la même année; mais il avait déjà renoncé à son dessein primitif de les faire imprimer en Angleterre en gardant l'anonyme (Œuvres de Voltaire, par M. Beuchot, t. LIII, p. 106, 155, 210, 211, 216, 238), de sorte que le public ne les connut que par la publication des Œuvres posthumes de Frédéric II, roi de Prusse. A Berlin, 1788, t. VI, p. 1-52. A défaut du manuscrit original, c'est le texte de cette édition que nous reproduisons.

<II>Nous avons emprunté de Rousset, Recueil, etc., le Mémoire de M. le marquis de Fénelon, du 3 janvier 1737, et nous le donnons ici comme pièce justificative, parce que le texte du Roi y renvoie expressément

II. DISSERTATION SUR L'INNOCENCE DES ERREURS DE L'ESPRIT.

C'est la lecture des Éléments de la philosophie de Newton, publiés par Voltaire, qui porta Frédéric à écrire la Dissertation sur l'innocence des erreurs de l'esprit. L'ouvrage de Voltaire parut d'abord en Hollande, au mois d'avril 1738, et à Londres (Paris), dans les premiers jours de juillet de la même année. Frédéric le lut dans cette dernière édition, et le 30 septembre 1738, il envoya sa dissertation à Voltaire (Œuvres de Voltaire, par M. Beuchot, t. LIII, p. 259, 260 et 324). C'est dans les Œuvres posthumes, t. VI, p. 189-218, qu'elle fut imprimée pour la première fois. Comme l'autographe manque, nous avons dû nous borner à suivre, pour la première partie, l'édition de 1788; mais les deux derniers tiers de cette dissertation, depuis « Tant il est vrai » (p. 40 de notre édition), nous ont été envoyés en une copie fidèle par la bibliothèque de l'Ermitage impérial de Saint-Pétersbourg, à laquelle feu le général comte de Suchtelen en avait fait présent, ainsi que de beaucoup d'autres manuscrits. 11 les avait achetés à Ferney, de M. Wagnière, le dernier secrétaire de Voltaire. Nous avons collationné sur cette copie de l'écrit autographe le texte qui se trouve dans les Œuvres posthumes, t. VI, à partir de la page 199, ligne 3 du bas, jusqu'à la fin. Il en est résulté quelques petites rectifications et additions, par exemple, les mots : « Et Dieu sait comme je vous enverrai galamment au diable » (p. 49 de notre édition); et les trois lignes supprimées par les éditeurs de 1788 : « Je crus que c'était » jusqu'à « David » (p. 49 de notre édition).

III. AVANT-PROPOS SUR LA HENRIADE DE M. DE VOLTAIRE.

La Henriade de Voltaire parut en 1723, sous le titre de La Ligue, titre qui fut changé en celui de Henriade dans l'édition publiée à Londres en 1728. Frédéric écrivit à l'auteur le 8 août 1736, et il s'établit entre eux une correspondance ani<III>mée et suivie qui, dès 1739, roule surtout sur le poëme dont nous parlons. « Je réforme la Henriade, dit Voltaire dans sa lettre du 18 janvier 1739, et je compte par le premier ordinaire soumettre au jugement de Votre Altesse Royale quelques changements que je viens d'y faire. »

Frédéric prenait le plus grand intérêt à ce travail; la comparaison même des changements et des additions de Voltaire avec le texte primitif était pour lui un attrayant sujet d'étude, et le 3 février, il écrivit au poëte : « J'ai le dessein de faire graver la Henriade (lorsque vous m'aurez communiqué les changements que vous avez jugé à propos d'y faire) comme l'Horace qu'on a gravé à Londres. » Voltaire répondit le 15 avril : « Le changement le plus essentiel à mon poëme, c'est une invocation qui doit être placée immédiatement après celle que j'ai faite à une déesse étrangère, nommée la Vérité. A qui dois-je m'adresser, si ce n'est à son favori, à un prince qui l'aime et qui la fait aimer, à un prince qui m'est aussi cher qu'elle, et aussi rare dans le monde? C'est donc ainsi que je parle à cet homme adorable, au commencement de la Henriade : »

Et toi, jeune héros, toujours conduit par elle,
Disciple de Trajan, rival de Marc-Aurèle,
Citoyen sur le trône, et l'exemple du Nord,
Sois mon plus cher appui, sois mon plus grand support :
Laisse les autres rois, ces faux dieux de la terre,
Porter de toutes parts ou la fraude ou la guerre :
De leurs fausses vertus laisse-les s'honorer;
Ils désolent le monde, et tu dois l'éclairer.

« Je demande en grâce à Votre Altesse Royale, je lui demande à genoux de souffrir que ces vers soient imprimés dans la belle édition qu'elle ordonne qu'on fasse de la Henriade. » Et plus tard, le 20 avril : « J'ose dédier la Henriade à un esprit supérieur. Quoiqu'il soit prince, j'aime plus encore son génie que je ne révère son rang. » Frédéric lui répondit le 16 mai : « C'est là (en Angleterre) que j'ai trouvé convenable de faire graver la Henriade. Je ferai Avant-propos, que je vous communiquerai avant que de le faire imprimer. Pine composera les tailles-douces, et Knobelsdorff les vignettes. »

Au commencement d'août 1739, lors de son voyage dans la province de Prusse, le Prince royal travaillait encore à cet Avant-propos (Œuvres posthumes, t. VIII, p. 146); il l'envoya à Voltaire le 9 septembre. Mais Pine, absorbé par son Virgile, n'eut pas le temps de s'occuper de la Henriade. Le projet de la faire imprimer avec des caractères d'argent, à Rheinsberg même, ne fut pas exécuté non plus. (Œuvres de Voltaire, édition Beuchot. t. LIV, p. 95, 102 et 115; et, Correspon<IV>dance de Frédéric II avec le comte Algarotti, 1799, p. 23, 24 et 27). D'autre part, Voltaire écrivit à son ami Thieriot, le 21 juin 1741 : « Les vers qui regardent le roi de Prusse, et qui sont en manuscrit à quelques exemplaires de la Henriade, ne sont plus convenables. Ils n'étaient faits que pour un prince philosophe et pacifique, et non pour un roi philosophe et conquérant. Il ne me siérait plus de blâmer la guerre, en m'adressant à un jeune monarque qui la fait avec tant de gloire. »

Ainsi l'Avant-propos de Frédéric resta ignoré jusqu'au moment où Marmontel, dans sa Préface pour la Henriade (1746), livra à la publicité les deux fragments qui commencent par les mots : « Les difficultés qu'eut à surmonter M. de Voltaire, etc., » et, « Quant à la saine morale, etc. » Il fut imprimé en entier, pour la première fois, en tête de la Henriade, dans la Collection complette des Œuvres de M. de Voltaire, Genève, chez les frères Cramer, 1756, in-8, t. I, et, plus tard, dans la Collection complette des Œuvres de M. de Voltaire publiée par les mêmes libraires, Genève, 1768, in-4, t. I, p. ix-xvii. Ce morceau est intitulé dans les deux éditions : « Avant-propos, composé par un des plus augustes et des plus respectables protecteurs que les lettres aient eu dans ce siècle, et dont on n'avait vu qu'un fragment cité dans la préface de M. Marmontel. » M. Bouchot, en reproduisant l'Avant-propos de Frédéric dans son édition des Œuvres de Voltaire, t. X, p. 15 à 24, a suivi le texte de l'édition Cramer de 1768, en y faisant quelques corrections.

Cette pièce se trouve dans les Œuvres posthumes du Roi (t. VI, p. 169-188), dont les éditeurs se sont évidemment servis d'un manuscrit autographe de Frédéric. Si l'on compare le texte Cramer et celui des Œuvres posthumes, on verra que Voltaire, en ajoutant à ses Œuvres le travail du Roi, en a retouché le style, et, de plus, qu'il y a omis un passage de douze lignes qui le concerne; ce passage (page 55 de notre édition) commence par les mots : « Quiconque a la connaissance du monde, » et finit par « que leurs crimes ont rendus ses ennemis. » Les éditeurs de Berlin, de leur côté, ont effacé (p. 57 de notre édition) les trois lignes où la question de l'emploi du merveilleux dans la Henriade est débattue, depuis « Tant la poésie et l'éloquence » jusqu'à « capables de séduire. » Nous avons emprunté ce dernier passage à l'édition de Genève de 1768, pour en compléter le texte de Berlin, qui est intitulé Avant -propos sur la Henriade de M. de Voltaire, et sert de base à notre édition, à défaut du manuscrit original. Suivant une spécification d'autographes de Frédéric le Grand, l'original a été daté du 10 août 1739, jour où l'Auteur se trouvait aux haras de Prusse, à Trakehnen.

<V>

IV. L'ANTIMACHIAVEL, OU EXAMEN DU PRINCE DE MACHIAVEL, ET RÉFUTATION DU PRINCE DE MACHIAVEL.

Au mois de juillet 1737, Frédéric envoya à Cirey son ami le baron Didier de Keyserlingk pour complimenter Voltaire, dont il devait rapporter les nouveaux ouvrages, tant manuscrits qu'imprimés. Le manuscrit de l'Histoire du Siècle de Louis XIV faisait partie de cet envoi, et le Roi écrivit à l'auteur, le 31 mars 1738 : « Votre Histoire du Siècle de Louis XIV m'enchante. Je voudrais seulement que vous n'eussiez point rangé Machiavel, qui était un malhonnête homme, au rang des autres grands hommes de son temps. » Voltaire entra dans les idées du Prince royal, qui en fut charmé et lui dit dans sa lettre du 17 juin : « Voilà donc Machiavel rayé de la liste des grands hommes, et votre plume regrette de s'être souillée de son nom. »

Ce sujet ne reparaît plus dans leur correspondance jusqu'au 22 mars 1739, que Frédéric écrivit à Voltaire : « Je médite un ouvrage sur le Prince de Machiavel. » Cet ouvrage devait être imprimé à Londres, avec le plus grand luxe, par les soins d'Algarotti. Mais ce projet ne fut pas exécuté, et Frédéric envoya à Voltaire, le 4 décembre, les douze premiers chapitres de son ouvrage; les autres suivirent, et le prince finit par écrire à son illustre ami, le 26 avril 1740 : « Je vous abandonne mon ouvrage, persuadé qu'il s'embellira entre vos mains; il faut votre creuset pour séparer l'or de l'alliage. »

Voltaire, désireux de répondre à cette confiance, faisait librement remarquer à l'Auteur les longueurs et les répétitions qui déparaient ce travail, ainsi que des passages qui pouvaient déplaire à certaines puissances. Frédéric lui répondit le 5 août : « Je me repose entièrement sur mon cher éditeur; » et le 8 : « Rayez, changez, corrigez et remplacez tous les endroits qu'il vous plaira. Je m'en remets à votre discernement. » Depuis que le Prince royal était devenu roi, il aurait volontiers retiré l'ouvrage de l'impression; aussi Voltaire, comprenant les ménagements que la politique imposait au monarque, s'efforça de lui complaire en effaçant plus encore qu'il n'avait fait. Mais van Duren, libraire à la Haye, propriétaire légitime du manuscrit, acheva de l'imprimer tel qu'il l'avait reçu primitivement, et la première édition en parut à la fin de septembre 1740, sous le titre de : L'Antimachiavel, ou Examen du Prince de Machiavel, avec des notes historiques et politiques. A la Haye, chez Jean van Duren, MDCCXLI. Avec Privilége, et avec une<VI> vignette au frontispice; 342 pages grand in-8, avec avant-propos, préface, etc. de xxxii pages. A cette édition est jointe la traduction française du Prince de Machiavel, par Amelot de La Houssaye, publiée à Amsterdam, chez Henri Wetstein, en 1683. Cependant Frédéric s'était servi, dans sa Réfutation, de la traduction qui avait paru à Amsterdam, en 1696, chez Henri Desbordes; il en a tiré exactement les passages du Prince qu'il cite.

Il existe une autre édition portant sur le titre : A Londres, chez Guillaume Meyer, libraire dans le Strand, MDCCXLI, 340 pages grand in-8, avec avant-propos, préface, etc. de xx pages; elle est au fond identique avec celle de la Haye. Ces deux éditions ne diffèrent qu'en trois points insignifiants : 1o l'édition de Londres a omis l'Épître dédicataire d'Amelot de La Houssaye au grand-duc de Toscane (p. xxi-xxvi de l'édition de la Haye); 2o la Dédicace de Nicolas Machiavel au trés-illustre Laurent de Médicis, et la Table des chapitres (p. xxvii-xxxii de l'édition de la Haye) ne sont pas paginées dans l'édition de Londres; 3o les six dernières pages de l'édition de la Haye, p. 337-342, sont imprimées dans celle de Londres en quatre pages, p. 337-340, avec d'autres caractères que le reste. Ainsi, à ces légères différences près, les deux éditions ne sont qu'une seule et même composition typographique.

Pour affaiblir l'impression produite par la hardiesse des pensées et du langage de cet écrit, bien que tempérée dans la publication, Voltaire se hâta d'en préparer une autre édition plus adoucie encore, qu'il intitula : Anti-Machiavel, ou Essai de critique sur le Prince de Machiavel, publié par M. de Voltaire. A la Haye (chez Pierre Paupie), aux dépens de l'éditeur, MDCCXL, 194 pages grand in-8, avec préface, avant-propos, etc. de xvi pages. Il l'envoya au Roi le 17 octobre 1740. Dansl'Avis de l'Éditeur, à la page 192, Voltaire essayait de faire suspecter la fidélité de l'édition de van Duren; mais il ne parvint pas à concilier à la sienne la confiance du public. Le libraire van Duren, qui publia la même année une seconde et une troisième édition, ajouta sous le texte de cette dernière (A la Haye, 1741, en deux volumes) l'ouvrage refondu par Voltaire. L'Auteur, de son côté, mécontent de la rédaction de son ami, lui manda qu'il désavouerait dans les gazettes les deux impressions, et qu'il en donnerait lui-même une édition exacte, le 15e et le 16e chapitre n'étant plus du tout ce qu'ils devaient être.

Mais rien de tout cela n'a paru, ni les réclamations par la voie des journaux, ni l'édition annoncée par le Roi; et non seulement l'édition de van Duren s'est répandue partout, mais elle est rentrée dans le domaine public par l'édition corrigée, et faite à Berlin, des Œuvres de Frédéric, publiées du vivant de l'auteur, 1789, t. II.<VII> Quoique beaucoup de passages remarquables que donne la première édition de van Duren ne se trouvent pas dans celui des manuscrits originaux qui est parvenu jusqu'à nous, nous avons cru devoir reproduire cette édition en entier, parce qu'elle a été accueillie avec un vif intérêt par le public, et qu'elle a donné lieu aux discussions dont il a été parlé ci-dessus. Seulement nous avons corrigé quelques fautes légères, d'après l'édition publiée par Voltaire chez Paupie et la troisième édition de van Duren. Nous donnons en outre pour la première fois la Réfutation du Prince de Machiavel (c'est le titre primitif), d'après le manuscrit exact et complet du Roi, sans y rien changer ni modifier, sauf les corrections grammaticales indispensables; malheureusement tout le second chapitre manque. Vingt-trois chapitres de cette Réfutation, de la main de l'Auteur, se trouvent aux archives royales du Cabinet (Caisse 365, J); ce sont les chapitres 1, 4, 5, 6, 7, 8, 9, 10, 11, 12, 13, 14, 15, 16, 21, 24, 25, et les rédactions améliorées des chapitres 4, 7, 8, 9, 11, 13. Chaque chapitre est écrit sur un cahier particulier, grand in-8. L'Avant-propos et les chapitres 3, 11, 12, 13, 14, 15, 17, 18, 19, 20, 21, 22, 23, 24, 25, 26, ainsi que la rédaction améliorée du 3e et du 26e chapitre, sur du papier de même format, sont la propriété de M. Benoni Friedländer. Frédéric lui-même n'a donné de titre qu'au chapitre 26, dans les deux rédactions; c'est pour cela que, dans l'édition de van Duren, ce 26e chapitre porte deux titres, l'un pour la traduction d'Amelot de La Houssaye, l'autre pour la Réfutation. Les vingt-cinq autres chapitres de l'édition de van Duren ne portent, soit pour le Prince, soit pour la Réfutation, que les titres de la traduction d'Amelot de La Houssaye.

On sait avec quel soin Frédéric revoyait tous ceux de ses ouvrages qu'il destinait à l'impression. Dans sa correspondance avec Voltaire, il est souvent question de la peine qu'il se donne pour réfuter le livre de Machiavel. Le 23 mars 1740, l'Auteur écrivait à Voltaire : « Je change actuellement quelques chapitres du Machiavel. » Les détails qui précèdent font voir que douze chapitres ont été retravaillés une fois; le 11e et le 13e l'ont été deux fois, et nous en possédons les trois rédactions; nous n'en connaissons qu'une des onze autres chapitres et de l'Avant-propos. Il suffit du premier coup d'œil pour distinguer les dernières rédactions des premiers essais; ce sont naturellement celles que nous avons choisies pour cette édition; à savoir : les chapitres 1, 4, 5, 6, 7, 8, 9, 10, 16, du manuscrit des archives royales; les chapitres 3, 11, 12, 13, 14, 15, 17, 18, 19, 20, 21, 22, 23, 24, 25, 26, et l'Avant-propos, du manuscrit de M. Friedländer, qui est évidemment le complément de l'autre. Il est naturel que tous ces divers manuscrits se trouvent à Berlin, puisque Frédéric n'en avait envoyé à Voltaire que les copies, faites en partie par son<VIII> ami Keyserlingk, en partie par un de ses secrétaires, nommé Gaillard (Œuvres posthumes, t. IX, p. 89).

M. Benoni Friedländer, qui a bien voulu nous communiquer son manuscrit de la Réfutation, possède aussi Le Prince de Machiavel. Traduction nouvelle. A Amsterdam, chez Henry Desbordes, 1696, c'est-à-dire, l'exemplaire même dont Frédéric s'est servi, et dans lequel il a mis deux notes marginales, que nous avons fait imprimer dans notre ouvrage intitulé Friedrich der Grosse als Schriftsteller, p. 183. Et comme M. Gottlieb Friedländer, fils de M. Benoni Friedländer, dit dans l'introduction de son édition de L'Antimachiavel, p. XXXVII, que son grand-père avait reçu ce précieux manuscrit des mains du libraire Voss, qui lui-même le tenait de M. Moulines, nous sommes bien aise de pouvoir jeter quelque lumière sur le sort des manuscrits de Frédéric le Grand, au moyen d'un document intéressant, la lettre suivante de M. Moulines, datée du 31 janvier 1788, et adressée à M. George-Jacques Decker, imprimeur du Roi et ami de M. Voss :



Monsieur,

Dans un paquet de papiers que M. le conseiller privé de Wöllner m'a remis dernièrement, j'en ai trouvé quelques-uns qui vous feront peut-être plaisir, entre autres, un exemplaire du Prince de Machiavel, avec la Réfutation de la propre main du Roi; une petite comédie, très-bien faite, et quelques lettres, etc., etc. Si vous pouvez passer demain, entre onze heures et midi, chez moi, j'aurai le plaisir de vous remettre ces manuscrits, comme j'ai l'honneur de me dire,



Monsieur,

Votre très-humble et très-obéissant serviteur,
Moulines.

Les éditeurs de 1789 n'ayant pas fait usage du manuscrit original de la Réfutation du Prince de Machiavel, nous nous félicitons d'en pouvoir donner une copie fidèle, au second chapitre près.

A ce volume est joint le fac-simile du commencement de la Réfutation du Prince de Machiavel.

Berlin, le 28 décembre 1847.

J.-D.-E. Preuss,
Historiographe de Brandebourg.