<152>toutes les nations commerçantes; la France, l'Angleterre et la Hollande, alarmées d'un projet qui leur était également préjudiciable, s'unirent pour demander la suppression de cette nouvelle compagnie; mais la cour de Vienne ne s'en émut point, et voulut soutenir son projet de commerce avec hauteur.

On eut recours aux voies de conciliation, comme aux moyens les plus équitables pour terminer ces différends, et pour concilier d'autres intérêts, tels que la succession éventuelle de Parme et de Plaisance. On assembla un congrès à Cambrai, où personne ne voulut céder de son terrain. Les ministres disputèrent, comme de raison, avec chaleur; chacun soutenait sa cause par des arguments qu'il croyait sans réplique. Les maîtres d'hôtels et les marchands de vins s'enrichirent, les princes en payèrent les frais, et le congrès se sépara sans avoir rien décidé.

Pendant que ces politiques discutaient vainement d'aussi grands intérêts, Philippe V s'échappa à la vigilance de son épouse, et abdiqua subitement en faveur de son fils Louis. C'était pour lui procurer cette couronne dont il se démettait volontairement, que la France avait prodigué tant de trésors; mais la mort de son fils, qui lui remettait les rênes du gouvernement entre les mains, ne lui laissa pas le temps de se repentir de son abdication.

A peine était-il remonté sur le trône, qu'il fit un traité de commerce avec l'Empereur, à l'insu de l'Angleterre. Le comte de Königsegg, ambassadeur de Charles VI à Madrid, avait leurré la reine d'Espagne du mariage de Don Carlos avec l'archiduchesse Marie-Thérèse, héritière de la maison d'Autriche; et l'espérance de réunir dans leurs maisons toutes les possessions de Charles V, porta la reine et le roi d'Espagne à faire des conditions très-avantageuses à l'Empereur. Le roi George soupçonnait que ce traité contenait des articles secrets à l'avantage du Prétendant; la France était mécontente de ce que l'Espagne, par ses subsides, mettait l'Empereur en état de soutenir la compagnie d'Ostende; le roi de Prusse était fâché de quelques décrets fulminants que Charles VI lui avait envoyés au sujet de certaines redevances qu'il exigeait des fiefs de Magdebourg : ces trois puissances, ayant toutes des griefs contre la cour de Vienne, s'unirent par des engagements