<156>précepteur devint premier ministre et cardinal. Les premières fonctions de son ministère furent de soulager le peuple des impôts qui l'accablaient; il fit autant de bien aux finances du Roi, où il mit de l'économie, que de mal au militaire, et surtout à la marine, qu'il négligea. Souple, timide et rusé, il conserva les vices d'un prêtre dans les fonctions du ministère; tant il est vrai que les emplois décorent les hommes, mais ne les changent pas. Nous pourrions ajouter à ces disgrâces l'élection et la chute de Maurice, comte de Saxe, devenu duc de Courlande par le choix des états, et chassé de son pays par la violence des Russes.a C'est ce même comte de Saxe que nous avons vu briller à la tête des armées de Louis XV, et dont les grandes qualités tiennent lieu de la plus noble origine.
L'Europe perdit cette année deux têtes couronnées : l'impératrice Catherine mourut, et Pierre Alexeiwitsch, petit-fils de Pierre Ier, lui succéda. C'était un enfant qui croissait sous les yeux de quelques boyars attachés aux anciens usages de leur nation, et qui préparaient à ce jeune prince une tutelle éternelle. En Angleterre, George II succéda à son père, qui venait de mourir.
Frédéric-Guillaume et George II, quoique élevés presque ensemble, quoique beaux-frères, ne purent se souffrir dès leur tendre jeunesse. Cette haine personnelle, cette forte antipathie, pensa devenir funeste à leurs peuples lorsqu'ils occupèrent tous deux le trône. Le roi d'Angleterre appelait celui de Prusse mon frère le sergent, et Frédéric-Guillaume appelait le roi George mon frère le comédien.
Cette animosité passa bientôt des personnes aux affaires, et ne manqua pas d'influer dans les plus grands événements. Tel est le sort des choses humaines, que des hommes conduits par des passions les gouvernent, et que des causes puériles dans leur origine deviennent les principes d'une suite de faits qui donnent lieu aux plus grandes révolutions.
D'abord après l'avénement de George II au trône, le comte
a Le 26 juin 1725, les états du duché de Courlande choisirent le comte Maurice de Saxe pour successeur présomptif du duc Ferdinand, qui ne mourut que le 4 mai 1737, à Danzig : ainsi Maurice n'a jamais été véritablement duc de Courlande.