<159>siens, on rendit les paysans de Hanovre; et l'affaire des prés fut terminée. Ces sortes d'accommodements faits à l'amiable, sont d'autant plus sages, que les princes, après les guerres les plus heureuses, sont tôt ou tard obligés d'en revenir là, sans obtenir de plus grands avantages. Cet exemple de modération de la part de Frédéric-Guillaume est peutêtre unique dans l'histoire.

Ce prince, toujours plus occupé du bien de ses sujets que de son ambition particulière, fonda l'hôtel de la Charité à Berlin, sur le modèle de l'Hôtel-Dieu à Paris. Il bâtit la Friedrichsstadt, dont l'étendue, la régularité des rues, toutes tirées au cordeau, et la beauté des édifices, surpassent de beaucoup ceux de l'ancienne cité; et il eut le plaisir d'y recevoir le roi de Pologne. L'entrevue de ces deux princes se passa dans les festins et dans les magnificences.

Cependant on ne cessait de négocier pour prévenir les troubles de la guerre. Les puissances convinrent d'assembler un congrès à Soissons, où se rendirent les ministres de toutes les cours intéressées au traité de Hanovre et de Vienne; et les avantages que la France et l'Angleterre offrirent à l'Espagne, la détachèrent de l'intérêt de l'Empereur. Le traité de Séville fut une suite du congrès de Soissons. Les articles de ce traité sont d'autant plus remarquables, qu'ils ouvrent à l'Espagne l'entrée de l'Italie, et que l'Angleterre s'engage à faire tomber la succession des ducs de Parme et de Plaisance à l'infant Don Carlos, en considération des avantages que l'Espagne permet aux Anglais de gagner par le trafic de l'Assiento.

Le roi de Pologne, qui était venu à Berlin l'an 1728, voulut à son tour étaler sa magnificence aux yeux du Roi, en lui donnant des fêtes toutes militaires. Il rassembla ses troupes29 dans un camp auprès de Radeberg,a village situé sur l'Elbe; les manœuvres qu'il fit faire à son armée étaient une image de la guerre des Romains, mêlée aux visions du chevalier Folard. Les connaisseurs jugèrent que ce camp était plutôt un spectacle théâtral, qu'un emblème véritable de la guerre.

Pendant ces démonstrations apparentes d'amitié, les intrigues


29 Vingt-trois mille hommes.

a Radewitz.