<160>d'Auguste dans toutes les cours de l'Europe tendaient à frustrer Frédéric-Guillaume de la succession de Berg, et à la faire retomber à la Saxe. Ce camp, cette magnificence, et ces fausses marques d'estime, étaient des artifices par lesquels le roi de Pologne crut endormir le roi de Prusse; mais celui-ci en pénétra les motifs, et n'en détesta que plus sa fausseté. Ces sortes d'actions semblent permises en politique; mais elles ne le sont guère en morale; et, à le bien examiner, la réputation de fourbe est aussi flétrissante pour le prince même, que désavantageuse à ses intérêts.

On crut que de semblables réflexions dégoûtèrent le roi Victor de sa royauté; mais effectivement ce ne fut que l'amour qu'il avait pour madame de Saint-Sébastien, qu'il épousa à Chambéry après son abdication. On prétend qu'il conserva toujours ce caractère d'autorité qu'il avait eu comme roi, et qu'ayant quelque mécontentement contre le duc d'Ormea et quelques autres ministres, il voulut contraindre son fils à les disgracier. Le comte d'Ormea, informé des intentions du roi Victor, craignit de voir sa perte assurée, s'il ne prévenait ce prince. Il alla chez le roi de Sardaigne, et lui persuada que son père conspirait et voulait remonter sur le trône, et il le pressa si vivement, que le père fut arrêté, et conduit au château de Chambéry, où il mourut. Un prince est bien à plaindre se trouvant vis-à-vis de son père dans des circonstances aussi épineuses, où il a la nature, l'intérêt et la gloire à combattre.

En Russie, mourut la même année le jeune czar Pierre II. Il était fiancé avec une princesse Dolgoruki. Cette maison eut des vues pour placer cette princesse fiancée sur le trône; mais la nation voulut unanimement que le sceptre demeurât dans la maison de Pierre Ier : on l'offrit à Anne, duchesse douairière de Courlande, qui l'accepta. Du commencement, les Russes limitèrent son pouvoir; mais la famille des Dolgoruki tomba, et son autorité devint despotique. Elle entretint, de même que ses prédécesseurs, les liaisons qui subsistaient depuis longtemps avec la maison d'Autriche.

L'Empereur oublia bientôt les services que le Roi lui avait rendus en quittant l'alliance de Hanovre. Il s'accommoda avec