<169>nouvelle colonie qu'il avait établie en Prusse dès l'année 1732. Il était sorti plus de vingt mille âmes de l'évêché de Salzbourg, par zèle pour la religion protestante. L'évêquea avait persécuté quelques-uns de ces malheureux avec plus de fanatisme que de prudence : l'envie de quitter leur patrie gagna le peuple, et devint épidémique; cette émigration se fit, à la fin, plutôt par esprit de libertinage que par attachement à une secte. Le Roi établit ces Salzbourgeois en Prusse; et, sans examiner les motifs de leur désertion, il repeupla par ce moyen des contrées que la peste avait dévastées sous le règne de son père.
La guerre générale était à peine finie, qu'il en survint aussitôt une nouvelle; elle s'alluma aux extrémités de l'Europe et de l'Asie. Les Tartares, qui vivent sous la protection des Turcs, faisaient des incursions fréquentes en Russie. Les plaintes qu'en porta l'Impératrice à Constantinople, ne firent point cesser ces hostilités. Elle s'impatienta enfin de souffrir ces affronts, et elle se fit justice elle-même : Lacy s'avança contre les Tartares, et prit Asow; Münnich entra en Crimée, força les lignes de Pérécop, s'empara de cette ville, prit Bagtcheh-Seraï, et mit toute la Tartarie à feu et à sang. Cependant la disette d'eau et de vivres, et la chaleur ardente de ces climats, firent périr un grand nombre de Moscovites. L'ambition de Münnich ne comptait pour rien le nombre des soldats qu'il sacrifiait à sa gloire : mais son armée se fondit; et l'excès de misère auquel les Russes étaient réduits, rendit les vainqueurs semblables aux vaincus.
Dans ce temps mourut le dernier duc de Courlande de la maison de Kettler. Les états élurent pour la seconde fois le comte de Saxe :a mais l'impératrice de Russie éleva Biron à cette dignité. C'était un gentilhomme courlandais qui s'était attaché à sa personne, et dont le mérite consistait uniquement dans le bonheur qu'il avait de lui plaire.
Les armées de cette princesse continuèrent d'être victorieuses contre les Turcs. Münnich assiégea Oczakow, que trois mille
a L'archevêque comte de Firmian.
a Aucune histoire de Courlande ne parle d'une seconde élection du comte Maurice de Saxe, mais seulement de ses efforts infructueux à faire valoir ses prétentions sur le duché.