<187>que pour défendre les gens de pied contre la cavalerie; dans des siéges, dans des retranchements et dans cent autres occasions pareilles, les piquiers n'étaient d'aucun usage. Les vieux officiers eurent bien de la peine à quitter cette arme, pour laquelle ils avaient les préjugés d'une longue habitude; mais comme la guerre perfectionne la guerre, on se défit encore des mousquets, à cause que les mèches s'éteignaient souvent par la pluie, et on les remplaça par les fusils.
Sous le règne de Frédéric Ier, la discipline s'affermit dans les troupes; elles s'aguerrirent tant en Flandre qu'en Italie. Les officiers qui servirent en Flandre apprirent leur métier des Hollandais; ils furent alors nos maîtres, et l'on imita la grande propreté dont les troupes anglaises donnaient l'exemple.
Le margrave Philippe, grand maître de l'artillerie, fut le premier qui rechercha la taille des hommes; les compagnies de grenadiers de son régiment étaient exhaussées au-dessus de la taille ordinaire. Le prince d'Anhalt suivit cet exemple, et le Prince royal l'imita de même; depuis il s'introduisit parmi les officiers un esprit de choix pour l'espèce d'hommes qu'ils employaient pour soldats, et on ne prit plus que des gens grands, forts et robustes.
Toutes les troupes avaient des habits d'ordonnance : ceux qui voulaient servir dans la cavalerie, payaient, à la vérité, pour être reçus, mais ils étaient armés et habillés aux dépens de la couronne.
Les fantassins étaient prodigieusement chargés en campagne : ils portaient, outre leurs armes et leur manteau, leur tente, leur havre-sac et des chevaux de frise; et ils combattaient encore sur quatre files.
Le prince d'Anhalt, qui avait fait la guerre avec le prince Eugène tant dans l'Empire qu'en Italie et en Flandre, avait fait une étude profonde du métier des armes. Il commanda souvent les troupes auxiliaires des Prussiens, comme on l'a pu voir dans l'Histoire. Ce prince leur fit observer une discipline rigoureuse; et sévère observateur de la subordination, il la poussa à ce grand point d'obéissance qui fait la plus grande force d'une armée; mais comme ses attentions se bornaient à l'infanterie, la cavalerie fut beaucoup négligée.