<192>leur exemple et par leur sévérité. Le Roi faisait tous les ans la revue des troupes; il leur faisait faire quelques évolutions; et comme il était lui-même l'inspecteur de son armée, il n'y fut point trompé.
Dans les commencements qu'on introduisit ces nouveaux exercices, les officiers ignoraient la méthode facile qu'on a trouvée depuis de les enseigner, et ils n'étaient rhétoriciens qu'à coups de bâton, ce qui rendit cet ouvrage long et difficile. On purgea, dans chaque régiment, le corps d'officiers de ces gens dont la conduite ou la naissance ne répondait point au métier de gens d'honneur qu'ils devaient faire; et depuis, la délicatesse des officiers ne souffrit parmi leurs compagnons que des gens sans reproche.
On rangeait les bataillons sur quatre files; mais ils chargeaient sur trois. Les bataillons contenaient quatre divisions, et chaque division, deux pelotons, la compagnie de grenadiers à part.
Le prince d'Anhalt, qui avait étudié la guerre comme un métier, s'était aperçu qu'on ne tirait pas des fusils tout l'avantage qu'on pouvait en attendre : il imagina des baguettes de fer, et trouva le moyen d'apprendre aux soldats à charger avec une vitesse incroyable; depuis l'année 1733, le premier rang chargea, la bayonnette au bout du fusil.
L'exercice se faisait alors de la façon suivante : on commençait par le maniement des armes; ensuite on chargeait par pelotons et par divisions; on avançait lentement en faisant le même feu; on faisait la retraite à peu près également; après quoi, on formait deux quarrés, impraticables vis-à-vis des ennemis; et l'on finissait par un feu de haie très-inutile. Cependant toutes ces évolutions se faisaient déjà avec tant de précision, que les mouvements d'un bataillon étaient semblables au jeu des ressorts de la montre la mieux faite.
Le Roi abolit les manteaux, et raccourcit l'habillement dans l'infanterie; et, pour la rendre plus légère dans sa marche, il affecta à chaque compagnie deux chevaux de bât, pour porter en campagne les tentes et les couvertures des soldats.
Le Roi institua par prévoyance, dans toutes ses provinces, des magasins d'abondance, qui servaient à soulager le peuple en