<209>tré en Danemark, avant que d'être reçue dans le Brandebourg. Le pays suivit l'exemple du prince, et tout le Brandebourg se fit protestant. Matthieu Jagow, évêque de Brandebourg, administra le sacrement sous les deux espèces dans le couvent des moines noirs; ce couvent devint ensuite la cathédrale de Berlin. Joachim II se distingua dans le parti, tant par les lettres de controverse qu'il écrivit au roi de Pologne, que par les discours éloquents, à ce que disent les auteurs,50 que ce prince prononça à la diète d'Augsbourg, en faveur des protestants.

La réforme ne put point détruire toutes les erreurs; quoiqu'elle eût ouvert les yeux du peuple sur une infinité de superstitions, il s'en conserva encore beaucoup d'autres, tant la pente de l'esprit humain vers l'erreur est inconcevable. Luther, qui ne croyait point au purgatoire, admettait les revenants et les démons dans son système; il soutint même que Satan lui apparut à Wittenberg, et qu'il l'exorcisa en lui jetant un cornet d'encre à la tête. Il n'y avait alors presque aucune nation qui ne fût imbue de pareils préjugés; la cour et à plus forte raison le peuple, avaient l'esprit rempli de sortiléges, de divinations, de revenants et de démons. En 1553, deux vieilles femmes passèrent par l'épreuve du feu, pour se purger de l'accusation de sorcellerie. La cour avait son astrologue; l'un prédit à la naissance de Jean-Sigismond, que ce prince serait heureux, à cause qu'au même temps on avait découvert au ciel une étoile nouvelle dans la constellation de Cassiopée; l'astrologue n'avait pas prédit cependant que Jean-Sigismond se ferait réformé pour gagner les Hollandais,a dont les secours lui devinrent utiles dans la poursuite de ses droits sur le duché de Clèves.

Depuis que le schisme de Luther divisait l'Église, les papes et les empereurs firent toute sorte d'efforts pour amener les esprits à la réunion. Les théologiens des deux partis tinrent des conférences tantôt à Thorn,b tantôt à Augsbourg;c on agitait les matières de


50 Lockelius; Annales de Brandebourg. [Ces auteurs ne parlent pas de discours éloquents prononcés par Joachim II; mais Angelus fait mention des trois discours que l'électeur Joachim Ier prononça à la diète d'Augsbourg, en 1530.]

a Hartknoch, Preussische Kirchen-Historie, p. 524.

b En 1645.

c En 1548.