<216>rendraient pas, avec le temps, ces nouveaux habitants semblables aux anciens.
Nous nous sommes cru obligé de séparer ce morceau, qui traite des mœurs des Brandebourgeois, du reste de l'Histoire, à cause que dans celle-là on s'est restreint à la politique et à la guerre, et que ces détails qui regardent les usages, l'industrie et les arts, étant répandus dans tout un ouvrage, auraient peut-être échappé au lecteur; au lieu qu'il les trouve à présent sous un seul point de vue, où ils forment seuls un petit corps d'histoire.
Les auteurs latins m'ont servi de guide dans les commencements de cet ouvrage, au défaut total de ceux du pays; Lockelius, que j'aurai lieu de citer souvent, m'a éclairé dans les régences ténébreuses des margraves des quatre premières races; et les archives m'ont fourni des matériaux pour ce qu'il y a de plus remarquable à dire des temps que la maison de Hohenzollern a possédé cet électorat, ce qui nous ramène jusqu'à nos jours.
ÉPOQUE PREMIÈRE.
Dans la longue énumération que Tacite fait des peuples d'Allemagne, il s'est trompé sur le mot d'Ingevoner, qui signifie habitants; et sur celui de Germanier, qui veut dire gens de guerre, que l'ignorance de la langue lui fait prendre pour des nations particulières : la quantité de ces guerriers dont l'Allemagne était remplie, lui donna le nom de Germanie.
Les premiers habitants de la Marche furent des Teutons, et après eux les Semnons, dont Tacite dit que c'étaient les plus nobles d'entre les Suèves.
Dans ces temps reculés, l'Allemagne était tout à fait barbare; les peuples, grossiers et à moitié sauvages, habitaient les forêts; de mauvaises cabanes leur servaient de demeures; ils se mariaient jeunes, et peuplaient d'autant plus que les femmes étaient rarement stériles. La nation allait toujours en se multipliant; et