<227>que les fabriques du Brandebourg ne pouvaient pas fournir les draps dont le pays avait besoin; ce qui obligeait d'avoir recours à l'industrie des voisins. Il y a grande apparence qu'on aurait imaginé des expédients plus heureux; mais la guerre de trente ans survint, et elle renversa les projets, les manufactures, et l'État.

A l'avénement de Frédéric-Guillaume à la régence, on ne faisait, dans ce pays, ni chapeaux, ni bas, ni serges, ni aucune étoffe de laine : l'industrie des Français nous enrichit de toutes ces manufactures; ils établirent des fabriques de draps, de serges, d'étamines, de petites étoffes, de droguets, de grisettes, de crêpon, de bonnets et de bas tissus sur des métiers, des chapeaux de castor, de lapin et de poil de lièvre, des teintures de toutes les espèces. Quelques-uns de ces réfugiés se firent marchands, et débitèrent en détail l'industrie des autres : Berlin eut des orfèvres, des bijoutiers, des horlogers, des sculpteurs; et les Français qui s'établirent dans le plat pays, y cultivèrent le tabac, et firent venir des fruits et des légumes excellents dans les contrées sablonneuses, qui, par leur soin, devinrent des potagers admirables.