<230>ville de Berlin de l'église du Cloître,a des Arcades, et de quelques autres édifices encore; et il orna les maisons de plaisance d'Oranienbourg, de Potsdam et de Charlottenbourg par toutes sortes d'augmentations et d'embellissements.

Les beaux-arts, enfants de l'abondance, commencèrent à fleurir : l'Académie des Peintres, dont Pesne, Mayer,b Weideman et Leygebec étaient les premiers professeurs, fut fondée; mais il ne sortit de leur école aucun peintre de réputation. Ce qu'il y eut de plus remarquable, et ce qui intéresse le plus les progrès de l'esprit humain, ce fut la fondation de l'Académie royale des Sciences, en 1700. La reine Sophie-Charlotte y contribua le plus : cette princesse avait le génie d'un grand homme et les connaissances d'un savant; elle croyait qu'il n'était pas indigne d'une reine d'estimer un philosophe. On sent bien que ce philosophe dont nous parlons était Leibniz; et comme ceux qui ont reçu du ciel des âmes privilégiées, s'élèvent à l'égal des souverains, elle admit Leibniz dans sa familiarité; elle fit plus, elle le proposa comme seul capable de jeter les fondements de cette nouvelle académie. Leibniz, qui avait plus d'une âme, si j'ose m'exprimer ainsi, était bien digne de présider dans une académie, qu'au besoin il aurait représentée tout seul. Il institua quatre classes, dont l'une de physique et de médecine, l'autre de mathématiques, la troisième de la langue et des antiquités d'Allemagne, et la dernière des langues et des antiquités orientales. Les plus célèbres de nos académiciens furent messieurs Basnage, Bernoulli, la Croze, Guglielmini, Hartsoeker, Hermann, Kirch, Römer, Sturm, Varignon, des Vignoles, Werenfels et Wolff; depuis on y reçut


a Le roi Frédéric Ier n'a pas fait bâtir la vieille église du couvent des franciscains, qui fut construite en 1271, mais l'église paroissiale de la rue du Cloître, dont il posa lui-même la première pierre le 15 août 1695. La Stechbahn (les Arcades) a été bâtie par Jean de Bodt, en 1702.

b Au lieu de Mayer, il Faut lire Werner. Cet artiste naquit à Berne en 1637, et était alors très-estimé à Paris comme peintre d'histoire et de portraits. Il fut appelé à Berlin en 1695, où il fut investi, pour la première fois, l'an 1697, du rectorat de l'Académie des Arts, nouvellement fondée.

c Paul-Charles Leygebe, peintre de la cour, était fils du célèbre Godefroi Leygebe, mort à Berlin en 1683, et qui avait si admirablement ciselé en fer la victoire du Grand Électeur sur la Chimère.