<245>Les choses restèrent à peu près sur le même pied sous le règne de Frédéric Ier,78 avec cette différence qu'il se laissa sans cesse gouverner par ses ministres : Danckelman, qui avait été son précepteur, devint maître de l'État; après sa disgrâce, le comte de Wartenberg succéda à sa faveur et à son pouvoir; Kameke aurait de même succédé au grand chambellan, si la mort du Roi n'avait mis fin à sa faveur naissante.
Frédéric-Guillaume II79 changea toute la forme de l'État et du gouvernement : il limita le pouvoir des ministres; et de maîtres qu'ils avaient été de son père, ils devinrent ses commis.
Les affaires étrangères furent remises aux sieurs d'Ilgen et de Knyphausen : ces ministres conféraient avec les envoyés, et entretenaient la correspondance avec les ministres prussiens dans les différentes cours de l'Europe; ils étaient chargés surtout des affaires de l'Empire, des limites de l'État et des droits de la maison. Le sieur de Cocceji, ministre d'État, eut la direction générale de la justice, et faisait la charge de chancelier : sous lui, le sieur d'Arnim avait le département des appels et de la justice civile de Prusse et de Ravensberg; et le sieur de Katsch fut mis à la tête de la justice criminelle.
Le sieur de Printzen, grand maréchal de la cour, devint président du consistoire supérieur, et fut chargé de l'inspection des universités, des fondations pieuses, des canonicats, et des affaires des juifs.
Les finances étaient, des parties du gouvernement, celle qui avait été le plus négligée : le Roi y fit des arrangements tout nouveaux; il établit le grand directoire en 1724. Ce collégea est divisé en quatre départements, à la tête de chacun desquels est un ministre d'État. La Prusse, la Poméranie et la Nouvelle-Marche, avec les postes, formèrent le premier département, qu'eut le sieur
78 Depuis 1688.
79 Depuis 1713.
a L'aperçu donné ici de l'institution du grand directoire, décrétée le 20 décembre 1722 dans le pavillon de chasse de Schönebeck, repose en partie sur son organisation primitive, en partie sur la constitution telle qu'elle fut modifiée le 7 septembre 1723, cinq jours après la mort du ministre de Kraut : cet aperçu manque donc à la fois d'exactitude dans les noms, dans l'ensemble, et dans l'enchaînement des faits.