<31>despotisme une fermeté qui l'arrêtait quelquefois; ces princes formaient des ligues qui donnaient souvent l'alarme à Vienne.
Les électeurs de Brandebourg et de Saxe intercédèrent auprès de l'Empereur, pour leur collègue l'Électeur palatin, mis au ban de l'Empire; et ils reiùsèrent de reconnaître l'électeur Maximilien, duc de Bavière, que Ferdinand II avait élevé à cette dignité au préjudice de la maison palatine et contre les lois de l'Empire. Selon la bulle d'or, un empereur n'est point en droit de mettre au ban de l'Empire, ni de dégrader un électeur, sans le consentement unanime de toute la diète assemblée en corps.a Ces intercessions ne produisirent aucun effet; et l'Empereur, qui n'était occupé que de sa vengeance personnelle, se trouvant en force, ne fit aucun cas des libertés du corps germanique, ni des lois de l'équité.
Dès ce temps, l'Électeur et son conseil prévirent les approches de la guerre, et la nécessité qui les y entraînerait par la complication d'événements qui la rendaient presque inévitable : d'un côté, des droits à soutenir sur la succession de Clèves; de l'autre, la guerre de trente ans, et de plus les dissensions que la religion avait fait naître et qui occasionnaient des cabales et des ligues puissantes. Des guerres déjà allumées, et d'autres prêtes à embraser son État, avertissaient George-Guillaume de se préparer à les soutenir lorsqu'il ne pourrait plus l'éviter : son premier ministre, le comte de Schwartzenberg, proposa, par différentes reprises, de lever un corps de vingt mille hommes, qu'il voulait faire passer au service de l'Empereur; mais on prit de si mauvaises mesures, et l'on fit des arrangements si ridicules, qu'on assembla à peine six mille hommes.
Les progrès de la réforme, qui divisait l'Allemagne en deux puissants partis, acheminèrent insensiblement les choses à une guerre ouverte.
Les protestants, intéressés à soutenir l'exercice libre de leur religion, et à retenir les biens des ecclésiastiques qu'ils avaient
a A la marge de ce passage, Voltaire écrivit ces mots : « Il me semble que cet article n'est point touché dans la bulle d'or; cela est très-important. » Mais le Roi ne tint pas compte de la remarque, bien qu'elle soit juste, et qu'il en ait accueilli d'autres du même genre qui lui ont été faites par Voltaire.