<33>Mansfeld, qui rassembla de même les débris de son armée, entra dans les Marches, malgré la volonté de l'Électeur. Les Impériaux détachèrent contre lui sept mille hommes, auxquels l'Électeur en joignit huit cents, sous les ordres du colonel Kracht; ce corps passa la Warthe et dissipa les troupes fugitives de Mansfeld. Par ces faibles secours que l'Électeur donna alors, il paraît clairement qu'il n'avait que peu de troupes sur pied.
Les Impériaux profitèrent de leurs avantages, et ils mirent garnison dans toute la Poméranie; et comme il y avait quelque apparence que le roi de Suède, à l'exemple de celui de Danemark, embrasserait le parti des princes protestants d'Allemagne, que les catholiques allaient opprimer, l'Empereur se servit de ce prétexte pour paraître le défenseur de l'Empire, lors même que son intention secrète était de disposer selon sa volonté de ce duché, dont la succession retombait à l'Électeur après la mort du duc Bogislas, qui n'avait point de lignée. Stralsund résista aux Impériaux; Wallenstein y mit le siége, et le leva après y avoir perdu douze mille hommes. Ce nombre me paraît exagéré de beaucoup, vu la faiblesse des corps dont on se servait alors; et il est apparent que les chroniqueurs de ces temps y ont ajouté quelque chose, par amour du merveilleux. La ville de Stralsund, qui s'était maintenue par son courage, se méfiant de ses forces, conclut une alliance avec le roi de Suède, Gustave-Adolphe, et reçut une garnison suédoisea de neuf mille hommes.
L'Empereur cependant, enflé des succès que ses généraux avaient eus en Allemagne, et croyant l'occasion favorable pour abaisser les princes protestants et la nouvelle religion, publia son fameux édit de restitution. Cette ordonnance enjoignait aux princes protestants de rendre à l'Église les biens dont la réforme les avait mis en possession depuis la transaction de Passau :10
10 En 1552; il y était stipulé que, touchant les affaires de religion, on demeurerait tranquille, et que personne ne serait inquiété, jusqu'à ce que la diète de l'Empire en eût décide.
a Voltaire fit sur ce passage la remarque suivante : « Il me semble que Stralsund se mit sous la protection de Gustave-Adolphe avant le siége, et que cette ville, qui n'eût pu se défendre seule, résista par le secours des Suédois et des Danois : après quoi Oxenstjerna attacha cette ville uniquement à la Suède. » Le Roi ne jugea pas à propos de faire usage de la correction.