<63>encloua leur canon, porta la terreur dans leur camp, et les contraignit de lever le siége, qui avait déjà duré quarante-six jours.
La guerre se rapprochait des pays de Brandebourg depuis que Wrangel avait marché en Poméranie; ce qui porta l'Électeur à quitter le Jütland. Il suivit Wrangel; il prit Warnemünde et Tribbesées, battit en personne un détachement de trois cents chevaux auprès de Stralsund, et finit sa campagne par la prise de Demmin.
Tandis que la guerre se faisait vivement dans le Holstein et en Poméranie, les Suédois avaient délogé les Polonais du Grand et du Petit-Werder et de la ville de Marienbourg dans la Prusse-Royale : ils en furent chassés l'année d'après par les Impériaux et les Polonais; et Polentz, générala de l'Électeur, fit une irruption en Courlande, où il leur prit quelques villes.
Il est nécessaire d'ajouter, pour le plus grand éclaircissement de ces faits militaires, que la plupart des villes qui soutenaient des siéges alors, ne résisteraient pas vingt-quatre heures à la manière dont on les attaque à présent, à moins qu'elles ne fussent soutenues par une armée entière.
Charles-Gustave mourut à la fleur de son âge, parmi le trouble et les agitations où il avait plongé le Nord. La minorité de son fils Charles XI, qui avait cinq ans, modéra l'instinct belliqueux des Suédois, accoutumés à être animés par l'exemple de leurs maîtres. Jean-Casimir, roi de Pologne, avait abdiqué presque en même temps la couronne,b et les Polonais avaient élu à sa place Michel Korybut. Après la mort du roi de Suède et l'abdication du Polonais, les animosités cessèrent de part et d'autre.
Les parties belligérantes, qui soupiraient après la paix, ne demandaient que leur sûreté; et comme elles se trouvaient toutes dans les mêmes dispositions, elles convinrent d'ouvrir les conférences dans l'abbaye d'Oliva proche de Danzig. Comme l'ambition n'eut aucune part à ces négociations, elles parvinrent bientôt à une fin heureuse :c on garantit à l'Électeur le traité de
a Colonel.
b Ce rapprochement n'est pas d'une exactitude rigoureuse, car Charles X-Gustave mourut le 23 février 1660, et Jean-Casimir abdiqua le 16 septembre 1668.
c 23 avril (3 mai, nouv. style) 1660.