<64>Braunsberg, et l'on reconnut sa souveraineté sur la Prusse. Les autres puissances convinrent entre elles de rétablir l'ordre des possessions sur le pied qu'elles avaient été avant le commencement de cette guerre.

Les états de la Prusse se soumirent avec peine au traité de Braunsberg ils prétendaient que la Pologne n'avait aucun droit de disposer de leur liberté. Un gentilhomme, nommé Rode,a plus séditieux que les autres, fut arrêté; et après que les premiers mouvements de cette révolte se furent apaisés, l'Électeur reçut en personne l'hommage des Prussiens, à Königsberg.

La tranquillité qui régnait dans toute l'Europe, permit à l'Électeur de tourner toute son attention au bien de ses peuples. S'il devenait le défenseur de ses États en temps de guerre, il n'en avait pas moins la noble ambition de leur servir de père en temps de paix : il soulageait les familles ruinées par les ennemis; il relevait les murailles détruites des villes; les déserts devenaient des champs cultivés; les forêts se changeaient en villages, et des colonies de laboureurs nourrissaient leurs troupeaux dans des endroits que les ravages de la guerre avaient rendus l'asile des bêtes sauvages. L'économie rurale, cette industrie si méprisée et si utile, était encouragée par ses soins : on voyait journellement quelques nouvelles créations; et l'on parvint à former le cours d'une rivière artificielleb qui, joignant la Sprée à l'Oder, facilitait le commerce de ses provinces, et abrégeait le transport des marchandises tant pour la Baltique que pour l'Océan. Frédéric-Guillaume était plus grand encore par la bonté de son caractère et par son application au bien public, que par ses vertus militaires et sa politique mesurée, qui lui faisaient faire toutes choses de la façon dont il le fallait pour réussir, et dans le temps où elles devaient être faites. La valeur fait les grands héros; l'humanité fait les bons princes.

Durant cette paix, l'Électeur reçut l'hommage éventuel de l'archevêché de Magdebourg, et mit garnison dans cette capitale;


a Jérôme Roth (c'est ainsi que lui-même écrivait son nom), qui fut détenu à Peitz depuis le mois d'octobre 1662 jusqu'à sa mort, arrivée en 1678, n'était pas gentilhomme; mais il paraît que son fils obtint en Pologne des lettres de noblesse.

b 1662 - 1669.