<70>contraint de plier sous la puissance du roi le plus formidable de l'Europe.
Louis XIV avait terrassé les Hollandais, obligé leurs alliés à les abandonner, et contenu les deux maisons d'Autriche dans l'inaction; cependant l'arc de triomphe qu'on lui fit ériger devant la porte Saint-Denis pour la conquête de la Hollande, n'était pas encore achevé que cette conquête fut perdue. Les Français avaient occupé trop de places, ce qui affaiblit considérablement leurs armées; ils avaient négligé de s'emparer d'Amsterdam, l'âme de cet État; les Hollandais lâchèrent leurs écluses pour se sauver; Turenne ne put empêcher la jonction du prince d'Orange et de Montécuculi : toutes ces choses jointes ensemble firent perdre aux Français leur avantage, et les contraignirent d'évacuer la Hollande. Louis XIV, afin de regagner la supériorité d'un autre côté, s'empara de la Franche-Comté; Turenne entra dans le Palatinat; ses troupes y commirent des excès énormes. L'Électeur palatin, qui de son château avait vu brûler plusieurs villages, s'en plaignit à la diète; et l'Empereur, qui avait tranquillement vu subjuguer la Hollande, sortit de sa léthargie pour secourir l'Empire : il rompit avec le roi de France; et c'est peut-être la seule guerre que la maison d'Autriche ait entreprise pour la sûreté et la défense de l'Allemagne.
Léopold se joignit à l'Espagne et à la Hollande; et Frédéric-Guillaume s'engagea de conduire seize mille hommes au secours de l'Empire; les Hollandais et les Espagnols lui promirent de le soulager en partie dans l'entretien de ses troupes. Comme Louis XIV attaquait l'Empire, la résolution que l'Électeur prit de le secourir dans cette occasion, n'était point contraire aux engagements qui subsistaient avec la France depuis la paix de Vossem.
Le commencement de cette campagne fut malheureux pour les alliés : le prince d'Orange venait d'être battu à Seneffe par le prince de Condé; Turenne, qui avait passé le Rhin à Philippsbourg, remporta une victoire sur le vieux Caprara, combattit le duc de Lorraine, Charles IV, à Sinzheim, et marcha de là à Holzheim, où il défit Bournonville, qui commandait un gros corps d'Impériaux.