<77>Les Suédois, battus par l'Électeur, furent déclarés ennemis de l'Empire, pour l'avoir attaqué dans un de ses membres; s'ils avaient été secondés de la fortune, peut-être auraient-ils trouvé des alliés.

L'Électeur, fort des secours des Impériaux et des Danois, attaqua à son tour les Suédois dans leurs provinces : il entra en Poméranie, et se rendit maître des trois principaux passages de la Peene. Les Brandebourgeois prirent la ville de Wolgast et l'île de Wollin; et Wismar ne se rendit aux Danois qu'après que le prince de Hombourg les eut joints avec un renfort des troupes électorales.

Les intérêts qui liaient également le roi de Danemark et le Grand Électeur dans la guerre qu'ils faisaient aux Suédois, furent resserrés plus étroitement par une alliance qu'ils conclurent ensemble au commencement de l'année 1676.

La forte garnison que les Suédois avaient à Stralsund, incommodée du voisinage des troupes brandebourgeoises, tenta, pendant l'hiver, de les déloger de l'île de Wollin : Mardefeld y passa avec un détachement suédois, et assiégea les troupes électorales qui en défendaient la capitale. La vigilance du maréchal Derfflinger leur fit payer assez cher leur entreprise : il rassembla quelques-uns de ses quartiers, passa dans l'île de Wollin, battit Mardefeld, et l'aurait entièrement défait, si le Suédois n'eût gagné ses vaisseaux en hâte et ne se fût sauvé à Stralsund.

Au commencement de la campagne, la Baltique se vit couverte de deux puissantes flottes, qui bloquèrent les Suédois dans leurs ports, et les empêchèrent d'envoyer des secours en Poméranie : l'une était la flotte que les Hollandais envoyaient au secours des alliés, commandée par l'amiral Tromp, le plus grand marin de son siècle; et l'autre était celle du roi de Danemark, sous les ordres de l'amiral Juel, qui ne le cédait guère en réputation au premier; les capres brandebourgeois se distinguèrent même dans cette campagne, et firent des prises sur les Suédois.

Cette nation, prévoyant qu'il lui serait impossible de résister au nombre d'ennemis qu'elle venait de s'attirer, hasarda quelques propositions de paix, pour détacher l'Électeur de ses alliés, et peut-être même pour le commettre avec eux; voici comme la Suède s'y prit.