<X>mée. On savait aussi que plusieurs écrits, les uns philosophiques, d'autres militaires, et les poésies de son âge mûr, destinés tous également à la publicité, avaient été confiés à un serviteur fidèle, le secrétaire Villaume. Quelques manuscrits, sur le sort desquels le Roi n'avait pas prononcé, se trouvaient dispersés dans les divers châteaux royaux; une correspondance surtout, entretenue pendant cinquante-trois ans avec des amis, des parents et des hommes de lettres, promettait de jeter de nouvelles lumières sur le caractère du Roi, et d'intéresser vivement les admirateurs de ce grand monarque.
Il ne faut donc pas s'étonner si, du vivant même de l'auguste auteur, on vit arriver à Potsdam des libraires étrangers, attirés par le désir de s'approprier exclusivement le droit de publier ces précieux manuscrits.
Frédéric-Guillaume II comprit qu'à lui seul appartenait l'honneur de faire don au public des ouvrages de son prédécesseur. Mais sa volonté généreuse fut loin d'être fidèlement exécutée; les manuscrits, livrés à des mains peu dignes, furent traités avec une légèreté impardonnable : l'on négligea également la correction du texte, et les soins que réclamait l'exécution matérielle.
Les innombrables défauts de cette édition lui attirèrent à juste titre le blâme des hommes éclairés. Le célèbre auteur de l'Histoire de la décadence et de la chute de l'empire romain, Gibbon, en fit une critique sévère, qu'il rendit encore plus humiliante par la comparaison de ce qu'aurait fait l'Angleterre, en pareille circonstance, pour la gloire littéraire d'un tel prince. On blâma principalement la distribution des manuscrits en Œuvres publiées du vivant de l'Auteur et en Œuvres posthumes, distinction par laquelle leur liaison mutuelle se trouvait détruite; mais ce qui mit le comble à la désapprobation générale, ce fut la publication, faite à Bâle, de manuscrits supplémentaires, vrais et apocryphes. Les éditeurs de Berlin se virent alors dans la nécessité de publier ces mêmes manuscrits, ainsi que d'autres écrits du Roi que l'on avait soustraits à la connaissance du public par des motifs de prudence. Les six volumes intitulés Supplément aux Œuvres posthumes, et portant en titre la ville de Cologne comme lieu supposé