<XV>hasarder quelques conjectures au sujet de sa participation ultérieure. Nous n'oserions de même rien affirmer de la collaboration de M. de Moulines, que le traducteur allemand des Œuvres posthumes appelle le réviseur et l'éditeur de ces ouvrages. Un article officiel, dans les deux gazettes de Berlin du 6 février 1787, lui attribue seulement la correction de quelques-unes des fautes grammaticales et orthographiques qui se trouvaient dans les manuscrits achetés à M. Villaume. Enfin, quant à M. de Wöllner, qui, selon les gazettes que nous venons de citer, conserva les manuscrits depuis le moment où ils furent acquis jusqu'à celui où l'on en commença l'impression, il n'existe aucune trace de sa coopération littéraire.

On sait maintenant dans quel état de mutilation les Œuvres de Frédéric le Grand arrivèrent dans les mains du public.

On avait déjà pressenti, avant même que cette édition fût terminée, ce qu'elle contiendrait d'inexact et d'incomplet. En conséquence, les libraires se crurent obligés de protester contre la prétendue malveillance qui avait répandu le bruit que ces écrits avaient subi des altérations considérables. Ils rappelèrent, à l'appui de leur défense, l'assurance solennelle donnée dans une assemblée publique de l'Académie des Sciences, par le ministre d'État comte de Hertzberg, « qui a présidé à la révision de l'ouvrage, » que les précieux manuscrits seraient imprimés « sans aucun changement ni retranchement essentiel. » Ils déclarèrent que les négligences mêmes seraient religieusement respectées; bien plus, ils promirent qu'aussitôt l'impression terminée, les manuscrits seraient déposés à la Bibliothèque royale, afin que chacun pût en prendre connaissance; mais cette promesse fut illusoire comme la précédente, et nous ne saurions dire ce qu'ils sont devenus : le comte de Hertzberg avait retenu obstinément ceux des grands ouvrages historiques, et il ne les rendit aux archives royales du Cabinet qu'en février 1795, peu de mois avant sa mort.

Cette édition, toute défectueuse qu'elle était, fut cependant accueillie avec tant d'enthousiasme, que la compagnie des libraires éditeurs paraît avoir été obligée de réimprimer les Œuvres post-