<XVI>humes la même année (1788), avant que la première publication eût été tout à fait achevée. Cette réimpression diffère de l'édition originale en ce qu'on y adopta un autre principe de correction, et qu'on y observa de nouveaux ménagements politiques; elle s'en distingue en outre par une légère différence dans l'indication du lieu d'impression, qui est simplement Berlin, tandis que la première porte A Berlin. Les connaisseurs préfèreront l'édition « A Berlin » à celle « Berlin; » mais dans le moment même de la publication, toutes les deux se répandirent rapidement et sans distinction par toute l'Europe; et des critiques éminents, tels que Jean de Müller et le baron de Spittler, en exprimèrent leur reconnaissance et leur admiration dans un langage digne du royal auteur, et de la science, dont ils étaient les interprètes; mais ces savants n'oublièrent pas de blâmer en même temps la conduite des éditeurs, qui osaient présenter un pareil trésor dans un état aussi déplorable.
Tout esprit élevé, depuis Justus Möser et Göthe, a rendu et rendra un légitime hommage aux Œuvres de Frédéric, comme au monument impérissable d'un grand règne et d'une haute intelligence. Avec la gloire littéraire du Roi, on vit tous les jours grandir aussi l'influence salutaire de ses ouvrages : rois, ministres, savants, militaires, hommes de tous états et de toutes croyances, trouvèrent une matière inépuisable d'enseignement et d'admiration dans les écrits d'un prince à la fois père de son peuple et ami des savants, mais ami surtout de la vérité; d'un prince qui consacra ses rares loisirs aux travaux de l'esprit et à l'instruction de ses généraux; qui peignit de main de maître les personnages et les événements de son temps, et voulut être avec franchise et loyauté l'historien de son propre règne. La postérité lui a su gré d'avoir laissé subsister, à côté du roi, l'homme et le penseur; et en même temps qu'il soumettait lui-même hardiment les principes des devoirs royaux à l'examen philosophique, d'avoir donné l'essor dans ses vers tantôt à sa verve satirique, tantôt aux sentiments tendres et religieux de son âme; enfin de s'être laissé voir tout entier dans ses nombreuses correspondances, par lesquelles cet esprit ardent et communicatif allait déposer,