<XXVIII>Nous rangeons parmi les lettres écrites à des amis ou à des parents, celles adressées par le Roi à des généraux de son armée auxquels l'attachaient les liens de l'amitié ou du sang, tels que le prince Henri, le duc Ferdinand de Brunswic, le feld-maréchal Keith, le baron de La Motte Fouqué, bien que ces correspondances aient roulé en partie sur les affaires de la guerre; mais le ton qui règne dans ces lettres indique assez la place qu'on devait leur assigner. A l'égard des correspondances avec la célèbre duchesse Louise-Dorothée de Saxe-Gotha, avec le stadhouder Guillaume V d'Orange, et Gustave III de Suède, tous deux neveux du Roi, bien qu'on n'y puisse méconnaître une teinte politique, nous avons cru devoir les ranger parmi les précédentes, ce qui a eu lieu aussi pour les lettres adressées à milord Marischal, où, à travers l'expression d'une affection véritable, perce quelquefois un certain ton diplomatique.

Il n'entre pas dans notre plan de publier les ordres de Cabinet et les instructions administratives de Frédéric, non plus que ses correspondances purement politiques ou militaires, les comptes-rendus de ses batailles et les bulletins de ses campagnes : ils sont destinés à former un monument d'un autre genre, qui montrera à la postérité, dans tout leur jour, la grandeur et l'activité infatigable de l'homme d'État et du général.

S'il s'agissait ici d'une édition destinée aux écoles ou aux savants, nous aurions, dans les douze gros volumes de la Correspondance du Roi avec ses parents et ses amis, suivi l'ordre chronologique; mais dans l'édition monumentale que nous préparons, il convenait de conserver un ordre analogue à celui qui avait déjà été adopté pour les poëmes et pour les Œuvres entières elles-mêmes, c'est-à-dire de mettre ensemble toutes les lettres adressées à la même personne, d'autant plus que les réponses étaient, quant au nombre et au contenu, d'un égal intérêt; que beaucoup manquaient de date, et que des correspondances entières écrites en langue allemande, par exemple les lettres à son père, à ses amis de jeunesse, le margrave Henri de Schwedt et le lieutenant de Gröben, à son trésorier Fredersdorff, à l'abbé Stusche, et à plusieurs généraux prussiens et savants allemands,